Il additionne beaucoup plus de cinquante années comme professionnel des outils photographiques. Il accumule un nombre incalculable de publications. Il collectionne les expositions sans compter. Il garnit les bibliothèques de ses livres. il … . Et surtout, il transmet réellement sa maîtrise des outils photographiques aux générations futures depuis plus de cinquante années.
Ce n’est plus une devinette, c’est Larry FINK.
Larry FINK ? C’est … le Photographe, c’est à dire l’homme qui maîtrise et qui dompte la lumière pour en extraire et pour figer une image la moins imparfaite possible. Rien n’est laissé au hasard, regardons bien cette image sympathique et avenante que d’aucuns imaginent issue du dernier smartphone. Que nenni, tout, ou presque tout est dans cette image, pour transcender un message, une émotion viscérale, une moquerie ou une détresse, une compassion ou un partage affectif, en résumé rien ne nous laisse indifférent. Je maintiens que rien n’est du au hasard les masses façonnées par sa lumière défissent la composition et la place du lecteur en face de l’image, les dégradés distillent l’importance et le rôle de chaque composant, les tonalités enserrent le curieux dans l’ambiance, les rapports graphiques transforment le visiteur en protagoniste. Voilà, c’est tout simple, le rideau se lève et les spectateurs se retrouvent sur la scène, ils sont dans la scène, ils participent à l’action … mieux, ils vivent l’action. Le professeur Larry FINK a frappé, car il existe une multitude de formation pour apprendre à dominer les outils photographiques ; personnellement, j’ai toujours pensé que de tous temps les vrais photographes se sont davantage forgés en contemplant des images qu’en ingurgitant des « recettes de cuisines ».
C’est mon analyse technique et objective de la quasi unanimité des œuvres exposées de Larry.
Mais je n’en resterai pas là. L’homme est exquis de l’avis général. Le photographe est consciencieux et frôle la perfection, je viens de l’exposer pour ses réalisations. Maintenant, je ne peux pas, et je ne veux pas, esquiver le créateur très brillant dont je peux prévoir que la postérité honorera les œuvres, sa modestie dut-elle en souffrir.
Sa curiosité insatiable, sa sensibilité contenue, son ouverture d’esprit, sa réserve contrôlée, sa tolérance dissimulée font de Larry FINK, le créateur idoine pour se fondre dans les strates sociales et psychologiques d’une société qu’il a vécu en pleine mutation. Alors que notre camarade de génération, Martin PARR nous offre des satires très colorées et clairement affichées des différentes « castes »où il va promener ses objectifs, Larry FINK nous immerge dans la subtilité.
Je trouve dans ses photographies un Larry FINK moqueur, caustique, ironique, légèrement persifleur, railleur, narquois, facétieux et très malicieux. Il sait s’imposer dans un paysage social par la petite porte pour être certain de son invisibilité au milieu des protagonistes. Il décortique littéralement les personnes, les interactions et les non-dit, avec son bistouri lumineux, pour permettre au plus grand nombre de lecteurs de s’impliquer sans effort à la sortie d’un combat de boxe, à l’anniversaire de sa mère, à la dernière soirée « chicos » de New York et plus récemment, de matière somptueuse, à la vie de ses humains de rencontre comme par exemple cet ouvrier parisien du bâtiment.
Si l’occasion se présente à vous, n’hésitez pas à stationner quelques instants devant les photographies de Larry FINK, l’un des grands créateurs photographes de l’entre millénaire qui a consacré son savoir faire à une vision sociale et comportementale de notre société où les tribus familiales laissent la place aux nombreuses tribus médiatiques et comportementales.
Pour cette édition officielle de Fotografia Europea 019, l’exposition des œuvres de Larry FINK est vraiment la meilleure et mérite un grand détour pour aller, en priorité, se recueillir à l’intérieur de ses photographies.
Thierry MAINDRAULT
Fotografia Europea
Palazzo da Mosto
Reggio Emilia
