AntwerpPhoto en est à sa troisième édition, et de nouveau dans l’emblématique Loodswezen (le Pilotage) sur les berges de l’Escaut. Peut-être pour la dernière fois dans l’éclectique bâtiment néo-renaissance de 1895, car le monument est en cours de rénovation et deviendra l’épicentre de la mode anversoise – mais quoi qu’il en soit, jetons un oeil à cette édition.
AntwerpPhoto ne sélectionne pas les photographes en fonction d’un thème, mais rassemble la bonne photographie sous le commissariat de Kaat Celis. Également dans cette édition, une nouvelle contribution d’IconoBelge – une sélection de photographes belges sur le thème des portraits, une rétrospective de Jimmy Kets, une exposition spéciale d’Erwin Olaf, la collaboration de Finbarr OReilly et des photographes congolais sur le thème Congo In Conversation de la Fondation Carmignac et enfin l’exposition de fin d’année de l’Académie St Lucas d’Anvers. Un bref rapport sur chacun des éléments :
J’ai remarqué Jimmy Kets dans ses premières années déjà comme un photographe un peu insolent, avec un air de jeunesse et de confiance en soi, et un langage visuel excentrique. Mais surtout, un photographe à suivre. Aujourd’hui, il s’est quelque peu éloigné de la photographie : il ne crée plus ses propres œuvres, il se contente d’accepter des commandes, et c’est ainsi qu’il aime travailler. En même temps, je découvre un photographe plus mature, avec des images qui ont gagné en intensité, en émotion, en humanité et en empathie. Le portrait de Robbe De Hert, réalisateur ; celui de Matthias Schoenaerts, acteur ; John Crombez, homme politique ; mais aussi les images anonymes : l’infirmière du service Corona, le cavalier d’une course au galop ; et des animaux – l’image d’un animal mort dans un crématorium pour animaux en juxtaposition avec l’image d’une figure populiste d’extrême droite.
Pour cette édition d’AntwerpPhoto, un premier portfolio a été publié, consacré à Jimmy Kets. Une belle publication qui est disponible exclusivement à l’exposition et via [email protected]. Les images sont belles et grandes, et constituent une bonne représentation de l’exposition. mais seulement en néerlandais et en anglais, à mon avis un public plus large pourrait être atteint en le publiant aussi en français.
La contribution d’Erwin Olaf à AntwerpPhoto est une petite mais belle exposition intitulée April Fool 2020. Au début de la crise du Corona, Olaf révise en profondeur son image de la société. Comme beaucoup d’entre nous, il ne savait pas qu’un événement de cette ampleur pouvait se produire : un monde qui s’arrête de tourner, une économie paralysée, les rues désertes des métropoles, des villes et des villages, les réactions des êtres humains qui accumulent les choses les plus folles, le sentiment du « nous contre eux ». Olaf se dépeint avec une casquette de fou, il se sent – comme nous tous – humilié dans sa solitude. Une mise en garde : en voyant Olaf sur l’affiche, certains visiteurs s’attendaient à une rétrospective et ont été un peu déçus. Il aurait peut-être été bon de le souligner plus clairement – mais là encore, le public lit-il ?
Le photojournaliste Finbarr OReilly s’est penché sur le Congo RDC dans « Congo en Conversation » et a reçu le Prix Carmignac. Il veut briser l’image centrée sur l’Europe : il a invité une série de photographes congolais à documenter la situation de l’intérieur. J’ai admiré les images de Justin Makangara, Arlette Bashizi et Raissa Rwizibuka en particulier.
Cette année, Iconobelge met l’accent sur le portrait au sens large du terme. Avec, entre autres, Ans Brys, Jean Dominique Burton, Sara Claes, Katrien De Blauwer, Vincent Delbrouck, Walter De Mulder, Sanne De Wilde & Benedicte Kurzen, Sarah Eechaut, Martine Franck, Diego Franssens, Nick Hannes, Alexia Leysen, Stephan Vanfleteren, Cato Van Rijckeghem, Filip van Roe.
Nous avons sélectionné une image du fondateur de la photographie documentaire belge Patrick de Spiegelaere (1961-2007) : le portrait fort de Karoly Effenberger (1972), un portrait de la jeune talent Eva Faché (1994), une image de la série sur l’Amérique latine de Cédric Gerbehaye (1977) , un portrait de la série sur les pères homosexuels de Bart Heynen (1968) (sur lequel nous reviendrons certainement), l’image effrayante de Masjid Mohadjerin (1976), une image obsédante de Jan Rosseel (1979), le portrait habité de Sébastien Vanmalleghem (1986), et enfin une image de l’injustement méconnu Jan Yoors (1922-1977), qui n’a rien à envier aux plus grands photographes.
Enfin, il y a l’exposition de fin d’année des élèves de l’Académie St Lucas d’Anvers. Nous avons sélectionné quatre photographes ici : Kris Riem, Alix Spooren, Luka Vandercruyssen et Anouck Volckaert
Bonne visite !
Publication exclusive disponible uniquement à l’exposition et via [email protected]:
Jimmy Kets – Antwerp Photo Festival Portfolio n° 1
Kaat Celis, Introduction ; Rik Van Puymbroeck, Interview
Couverture souple, 60p avec 54 photos, 260 x 340 x 7mm
Néerlandais et anglais, 20 euros
AntwerpPhoto
Autres lieux à Anvers (la plupart d’entre eux ont déjà été publiés, sauf le dernier)
Karin Borghouts
https://www.karinborghouts.be/
L’excellente exposition sur Issei Suda à Fomu jusqu’au 03 10
https://loeildelaphotographie.com/fr/john-devos/
Une nouvelle et passionnante exposition de Lara Gasparotto – Songes des jours de pluie à Stiglitz 19 jusqu’au 9 octobre
Toshio Shibata à Ibasho
https://loeildelaphotographie.com/en/ibasho-gallery-toshio-shibata-painting-falling-water-dv/
Gallery Fifty One : Bruno V. Roels : Paradis à Vendre
https://loeildelaphotographie.com/en/gallery-fifty-one-bruno-v-roels-paradis-a-vendre-dv/
Une nouvelle exposition sur le photographe emblématique des années 60 et 70, Roland Minnaert, sous-titrée Photographer of Freedom, est visible à la Galerie Verbeeck – Van Dyck (pas officiellement dans le circuit) jusqu’au 3 octobre.