Les Chroniques Instagram de Jean-Marie Périer sont de pures merveilles. Tous les 15 jours, nous en publions une.
Dans la série « Ne jugez pas hier avec les yeux d’aujourd’hui. » : Les filles dans la bagnole.
Eh oui, maintenant James Bond apparaît comme un odieux sexiste.
Lors de mes expositions, généralement les maîtresses d’école viennent vérifier s’il est possible de montrer mes photos à leurs élèves. Je le comprends très bien. Mais arrivées devant cette image, parfois certaines ont un mouvement de recul teinté d’effarement et elles annulent la visite.
C’est pourtant une bonne raison d’expliquer aux enfants qu’à l’époque il y avait des journaux, dont « LUI , qui montraient des femmes dénudées dont les intentions salaces dépassaient largement ces quelques jeunes femmes à moitié nues dans une décapotable conduite par un chanteur à succès. Les trente glorieuses peuvent hérisser aujourd’hui, je l’admets même si je ne le comprends pas bien. Car enfin, cette photo était d’une candeur pauvrette puisqu’elle illustrait de façon primaire la chanson « J’aime les filles » de Jacques Dutronc. D’accord l’idée ne méritait pas le prix Nobel, mais elle était innocente comparées aux nudités vulgaires étalées sur les kiosques des journaux. Qu’on y voie du mépris me surprend un peu. Ce jour-là ces jeunes femmes venues participer à cette blague potache étaient plutôt heureuses de gagner leur vie en passant une heure en notre compagnie, et nous avons fini la soirée Jacques et moi en dînant seuls dans un restaurant indien. On était loin du playboy de base au portefeuille facile.
D’accord les choses ont évolué, mais de là à me traiter de sexiste cela m’apparaît légèrement exagéré, sans compter qu’interdire au lieu d’expliquer est une curieuse façon d’envisager le beau métier d’institutrice.
Au secours Jean Yanne, montre-moi vite la porte pour te rejoindre, j’en ai marre d’être le captif d’une époque aseptisée où l’humour doit se plier à monter dans les wagons de la triste bien-pensance des culs serrés d’aujourd’hui.
Jean-Marie Périer