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L’Une et l’Autre: Femmes en quête d’identité

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“L’Une et l’Autre” présente le travail de quinze femmes qui, dans le cadre d’ateliers initiés par l’association 100 Voix ! dans les premiers mois de l’année 2012, sont parties à la recherche d’elles-mêmes. Elles ont en commun d’avoir eu à faire à une période de leur vie à plus fort qu’elles… la maladie, la souffrance insurmontable de la disparition d’une mère, d’un père ou d’un enfant, la trahison d’un être cher, les coups de parents à la dérive, la violence conjugale, le viol, l’exil, la détention.
Elles en sont sorties brisées et envahies par une meute de sentiments acharnée à les dépouiller de leur singularité. La perte de la confiance en soi s’est agrégée à celle de la confiance en l’autre, la fierté a abandonné la place pour la honte, le désarroi et le doute ont contribué à l’avènement d’un sentiment d’impuissance et de résignation. Toutes, un jour ou l’autre, ont connu la rue, non pas comme une artère qui donne un sens aux vies mais comme une prison à ciel ouvert dont on ne s’échappe pas et d’où le cours du temps s’est à tout jamais tari.
La plupart des photographes présentées réside à la maison “Coeur de Femmes” qui accueille des femmes de tous âges venant de la rue. D’autres sont hébergées à la résidence Suzanne Képès qui prend en charge des femmes ayant été les victimes de violences ou au Centre d’accueil et de stabilisation de l’Olivier qui reçoit des personnes ayant passé de longues années sans domicile fixe.
Ces trois structures sont gérées par l’association Aurore qui est à l’initiative de la création de 100 Voix !.
La réappropriation de l’image de soi est un enjeu décisif pour toute personne se trouvant en situation de grande précarité ou d’exclusion. Dans un monde où la liberté individuelle et la considération de soi sont proportionnelles à la réussite sociale, celle ou celui qui se trouve dépourvu de ressource après avoir été meurtri et abîmé par la vie, est en perte d’identité. Quant bien même a-t-il des papiers, sa photo est celle d’un étranger à l’âme absente. Une perte vertigineuse au cours de laquelle son image se brouille et se désagrège pour finir par être recouverte par celle que leur renvoie la société : une image qui réduit leur identité à leur condition sociale d’assistés ou de parias, une image gangrenée par le sentiment coupable de l’échec, une image qui relègue aux oubliettes leur appartenance à la communauté humaine.
“L’Une et l’Autre” porte en elle le témoignage du pouvoir de la photo à modifier le regard sur soi et sur le monde de celui qui photographie. C’est aussi une leçon de vie.

Rencontres, quand les images se substituent aux mots

Le travail d’atelier s’est donc focalisé sur la question de l’identité.
Il leur a été proposé d’affronter le regard de l’autre et de partir en quête d’un nouveau regard sur elles-mêmes. Cette démarche duelle a donné naissance à l’un des volets de l’exposition que nous avons intitulé : “Rencontres”.
Dans un premier temps, la photographe Sarah Moon a réalisé une série de portraits.
Puis, elle leur a demandé d’intervenir graphiquement sur leur photo et de répondre à la question : « que reconnaissez-vous de vous dans cette photographie ? ». Enfin, après s’être familiarisées avec la prise d’images, il leur a été demandé de réaliser une photo qui mettrait en scène la perception qu’elles ont d’elles-mêmes.
Ces fragments de réel découpés avec une lucidité dont elles se protégeaient jusque là, sont pleinement habités par elles au point qu’elles s’y reconnaissent tout en se découvrant à la fois telles qu’elles s’imaginent être mais aussi différentes. Elles furent aussi bien l’acteur que le témoin d’une métamorphose. En appuyant sur le déclencheur de l’appareil photo, elles rompirent avec cette certitude de ne pas savoir ni pouvoir agir et donner naissance à un objet à nul autre pareil. En tenant dans leurs mains l’épreuve photographique dont elles étaient l’auteur, elles y virent la preuve de leur appartenance au monde. Une fois le premier éblouissement dissipé, elles se rendirent compte qu’elles avaient cette faculté de se dire dans le monde comme de dire le monde et ainsi d’entamer une conversation infinie avec soi-même comme avec l’autre d’égal à égal.
Certaines participantes aux ateliers ont adhéré à la proposition de la photographe Flore-Aël Surun (Tendance Floue) qui s’inspire d’une pratique chamanique, celle de l’animal totem.
Une séance d’hypnose est organisée au cours de laquelle chacune découvre son animal totem dont il peut assimiler les qualités et la force. Puis, après avoir recherché et choisi une photo de cet animal, une séance d’autoportrait est organisée avec pour contrainte de se photographier de telle manière à pouvoir fondre sa propre image dans celle de l’animal.
Enfin, il est procédé à un travail de photo montage qui fond humain et animal dans un corps unique.

L’Une et l’Autre Fragments de l’imaginaire de femmes en quête d’identité
L. Aile, Sakina Atlas, Ouardia B., Lyliie Berry, Pénélope Bertrina, Vera Boissinot, Dominique Burger, Magali Faucheux, Stéphanie Foucher, Kasia Grabowska, Huguette Jeanmichel, Michelle K., Blandine Lesur, Sahondra Raveloarisoa, Nelly Royer, Marie-Jeanne Sery, Sakina Sfaoui, Henriette Watat
Sous la direction artistique de Sarah Moon
Du 8 mars au 27 avril 2013
Galerie Fait & Cause
58 rue Quincampoix
75004 Paris
France

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