Terror beat of Acid
Les brûlures par jets d’acide sont un phénomène mondial. Le Bangladesh, le Pakistan, le Cambodge, le Népal et l’Ouganda figurent en tête des pays où ont lieu le plus grand nombre d’attaques à l’acide. En 10 ans, au Bangladesh, on recense 3000 victimes d’attaque à l’acide. Dans la plupart des cas, les victimes sont des femmes, beaucoup sont à peine majeures. Ces dernières années, enfants, personnes âgées et jeunes hommes ont eux aussi été pris pour cible.
Les attaques peuvent avoir lieu pour différentes raisons. Taquinerie d’un soir, disputes de territoires, problème sur le montant d’une dot, jalousie, querelles de familles, refus de demande en mariage…
Au Bangladesh, il est assez facile de se procurer de l’acide, par le biais du marché noir notamment. Acides nitriques ou sulfuriques, coûtent entre 1$ et 5$. Ils sont utilisés dans les manufactures comme les teintures, usines à cotton, caoutchoucs mais on peut aussi en trouver dans les laboratoires des écoles ou universités.
Le visage des femmes est toujours visé. La destruction de la beauté d’une femme est perçue comme la perte de son honneur. Les femmes deviennent les victimes des querelles personnelles des hommes.
L’acide dissout les tissus et même les os. Souvent, les yeux et les oreilles sont endommagés pour toujours. Beaucoup de victimes doivent avoir recours à de nombreuses chirurgies afin de pouvoir retrouver leurs fonctions vitales. Quant à la chirurgie plastique, elle reste inabordable dans la plupart des cas. Mentalement, les victimes sont brisées à vie. En quelques secondes, leurs identités est broyée. Les survivantes ne guérissent jamais vraiment. La plupart des attaques se produisent dans les pays pauvres, il ya très peu de marge pour la réhabilitation, les conseils et les soins de longue durée.
Mon projet vise à dissiper le mythe comme quoi les attaques à l’acide ne se produisent que dans les pays islamiques conservateurs, visant à punir ou réprimer les femmes. Cela va aider à une meilleure compréhension du problème, au niveau international. En tant que photographe j’ai fait des documentaires sur les communautés défavorisées et l’injustice sociale au Bangladesh ces cinq dernières années. Mon reportage montre l’horreur des attaques à l’acide, tout en faisant un portrait sensible dépeignant les victimes comme des survivants. Je veux montrer les histoires de ces femmes qui, prises entre deux feux, se retrouvent défigurées à vie après les attaques; la lutte de la famille et de la communauté à accepter un survivant et enfin, le long et douloureux processus de guérison. Mon objectif est de montrer les dégâts causés par la culture de l’acide, qui a laissé des milliers de personnes affaiblies, brûlées et mutilées pour la vie.
Khaled Hasan
