Rechercher un article

Joseph Maida, Things Are Queer

Preview

Le souffle des images est doux et faible. Son corps touche à la malhonnêteté, entretenant une culture de la passivité et une allure désœuvrée. Seule une curiosité sans limite pour l’étrangeté peut offrir l’insolite capacité à voir en une chose plus que ce qu’elle n’est. C’est une imagerie bêtement complexe, captivante jusqu’à l’exaspération. Qu’est-ce qu’une Amérique ? Pourvue en marchandises à l’infini, la consommation étendue et retirée de l’Est est gonflée par les plaines de l’Ouest. Il n’y a pas de hasard, seulement des actions. On trouve dans les délicieuses photographies de Joseph Maida, Things are Queer, une singularité aiguë. Le succès de la chorégraphie des images n’a d’égal que la structure émue de la composition. Il n’y a pas de futur sans passé : c’est ce jeu qui fait la substance de l’œuvre de Maida.

Il fonde son impulsion sur la constellation que forme la conversation mondiale, lieu où le proche rencontre le lointain. La relativité des termes et nos points de vue peuvent prescrire une façon de regarder sans voir vraiment. Maida se bat pour les glissements, dans l’espoir que la bizarrerie inhabituelle et intuitive de la photo fera que les spectateurs la regarde à nouveau. C’est en revoyant que nous pouvons commencer à voir. Un nouveau langage germe avec la diffusion des images sur les réseaux sociaux. Nous le connaissons, nous le voyons, nous le retenons et nous apprenons à le lire. Il existe une nouvelle langue, dont les voyelles vernaculaires sont les formes et les couleurs et qui se construit dans le défilement infini, comme les paragraphes d’un essai bien élaboré.

Les photos les plus abstraites font naître une fascination pour le désordre cafouillant de la macro ou de la micro. Le kitsch devient soudain minimaliste, voire gestuel. Ce geste, ce contact, constamment négligés. Les mains de Maida rendent le réel étrange. Il est fasciné par la façon dont les spectateurs voient les œuvres sur les plateformes. Comment être plus que simplement passif ?

Il n’y a pas d’incongruité, simplement l’illusion qu’autorise le spectateur. Les photos ne sont, en aucun cas, manipulées et leur concept amoindrit leur responsabilité en produisant un changement via le discours. Maida est fluide dans ses actions. Il reprend tout en témoignant de la transformation. La nouveauté n’existe pas sans le passé. Parfois, les nouvelles idées existent déjà, mais on ne les a vues et acquises pour la première fois que récemment. La singularité n’est plus binaire. Elle est unique dans son souffle et dans sa forme. Sa contemporanéité est une fois de plus universelle, inhabituelle et espiègle. Comme nous tous.

Efrem Zelony-Mindell

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android