Ils sont là comme des jouets ou des modèles réduits que la répétition du type rend encore plus troublante. Ils sont chaque jour mouvants, déplacés, emportés, mais toujours de retour à la nuit qui s’avance. Vitrines d’un soir, passerelles d’une nuit, plus rarement en journée : tout dépend des accords et de la tolérance admise sur le domaine public.
Nous sommes au coeur du bois, à deux pas de Paris, là où déjà se perdent les usages et les codes communément admis.
Garées au bord des chemins isolés ou des routes dont la toponymie rappelle l’ancienne vocation militaire des lieux, ces camionnettes ont des allures irréelles, presque oniriques, comme des fragments de décor ou des points de refuge loin de la réalité plutôt glauque de leur fonction première. Le traitement des images renvoi ainsi aux conventions de lecture de ces camions la nuit dont la fréquentation obéit elle aussi à des codes bien précis. La structure reproductible et frontale de la typologie évoque quant à elle l’abattage mécanique et répétitif que pratiquent toutes ces femmes dans leurs camions Trafic.
Sex Trucks, 2015, impression ultrachrome, 60 x70cm, edition de 5 + 2ae
