La Young Gallery a récemment exposé une vingtaine de photographies de Jacques Olivar.
« Disons que vous êtes un représentant de commerce. Il est neuf heures du matin, et vous êtes en train de rouler vers Austin, au Texas. Votre esprit va trop vite. Trop de choses auxquelles penser. Le restaurant de Peggy Sue est juste à un kilomètre devant. Autant s’arrêter pour un café et faire le point sur le lourd planning à venir. Vous vous garez. Éteignez le moteur.
Le restaurant semble plutôt vide pour cette heure de la journée. Gerry Mulligan passe à la radio, et assise à une table près de la fenêtre, il y a une femme seule avec une robe sensuelle et élégante.
Ses yeux mélancoliques semblent perdus dans le lointain. Que fait-elle ici à ce moment de la journée et dans cette tenue ? A-t-elle fui une dispute d’amoureux ? Une tragédie secrète ? S’est-elle esquivée d’une partie très chic où tout s’est mal passé ? Cherche-t-elle simplement un moment de solitude ? Quelle sorte de peine de cœur est-elle en train de ressentir en cet instant précis ? Bien sûr, vous n’oseriez jamais aller lui demander, et le temps file ; vous devez être à l’heure à votre rendez-vous. Et vous vous déchirez donc sans trouver de réponse à toutes vos questions. Qui était-elle ? Quel était ce trouble dans ses yeux ?
C’est le lever de rideau, le moment sur lequel s’ouvre toutes mes images. Vous êtes devenu témoin et voyeur dans le même mouvement. Le contraste esthétique entre une femme sophistiquée et le cadre délabré d’un restoroute du Texas est l’élément-clé pour faire naître les sentiments forts et intemporels que j’utilise dans mes images.
J’essaye toujours de réunir deux trames différentes entre elles. Il y a l’endroit où se situe l’histoire – l’atmosphère, les lumières, les couleurs – et l’histoire de la femme – ses yeux, ses sentiments, son attitude, ses vêtements. J’aime à choisir pour mes photos l’environnement le plus inattendu : un dépotoir, ou un bar minable, une rue déserte dans une ville déserte ou la poésie d’une station-service. Ensuite, je pénètre cet espace pour saisir le glamour de le situation. »
Jacques Olivar
Jacques Olivar est né à Casablanca. Très jeune il fait des études de pilote de ligne mais malgré l’immense plaisir qu’il a à exercer cette profession, il garde toujours intacte cette grande passion qu’il nourrit pour l’univers de l’image . Sa carrière de photographe débute par un immense succès pour la campagne des bas Dim , il se voit attribuer le « Premier Prix » du prestigieux « Club des Directeurs Artistiques » en 1972 . Dans les années qui suivent il se verra à nouveau décerner plusieurs fois ce prix . En 1984 il reçoit également « Le Grand Prix Stratégies » de même que le « Premier Prix du Club des Directeurs Artistiques » pour son travail en noir et blanc sur la campagne des jeans Loïs . Il est également l’auteur de plusieurs films publicitaires, dont le très beau film pour « Trussardi Parfums » avec Helena Christensen . En 1987, Jacques Olivar se tourne vers la mode et entreprend une collaboration avec les plus prestigieux magazines internationaux : British Vogue, italian Uomo Vogue, French Glamour, German Vogue Vogue Homme International, Italian Marie-Claire, Marie-Claire bis & French Marie-Claire, Marie-Claire US . Par ailleurs il se voit confier la réalisation de campagnes pour les grands créateurs : Giorgio Armani, Hermès, Givenchy, Comme des Garçons, Trussardi, Rykiel, Strenesse, Céline , Burberry. Elégance et émotion sont les deux pôles essentiels autour desquels s’articule la photographie de Jacques Olivar. La sophistication présente dans ses images n’est jamais arrogante ou inaccessible. Elle est toujours le résultat d’une combinaison d’éléments simples qui concourent à une grande harmonie esthétique. Fidèle à sa conception de l’humain, sa photographie est sensitive avant d’être technique, et la modernité qui s’en dégage découle essentiellement de l’élégance désinvolte des femmes qu’il photographie et qui savent que peu de photographes obtiendront d’elles de si belles images . »Jacques Olivar est l’un des photographes avec lesquels les mannequins préfèrent travailler dans le sens où elles réalisent avec lui leurs plus belles images » – (Canal + Fashion Documentary on Jacques Olivar). Aujourd’hui ses images de mode sont perçues comme un travail confinant au Fine Art .
Young Gallery
Avenue Louise 75
1050 Bruxelles
Belgique
02 374 07 04
Forever Young
Jacques Olivar
teNeues éditeur
128 pp., 67 photographies couleur
32 x 28 cm
Textes en Allemand, Anglais, Français, Espagnol et Italien
ISBN: 978-3-8327-9603-7
