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Irving Penn

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Le vernissage de l’exposition Irving Penn au Palazzo Grassi le 12 avril a été un événement ou plus exactement une suite d’événements. Le premier a été de découvrir dans ce lieu que l’on voyait plutôt dédié à l’art contemporain l’ambition, l’exigence et l’ampleur de la collection de François Pinault dans le domaine de la photographie. Puis l’exposition permet de regarder un ensemble extraordinaire de tirages tous extraordinaires d’Irving Penn. C’est un choc. Pourtant on sait bien que rien ne remplace un tirage original. On sait bien aussi que c’est encore plus vrai pour des œuvres rendues familières par les livres et les magazines. N’empêche qu’on est très heureux de redécouvrir ces évidences. Devant ces tirages de Penn, on réalise pleinement son extrême exigence technique au service d’images d’une beauté à couper le souffle. On réalise que sans cette qualité de tirage, on ne peut pas comprendre pleinement ce que l’auteur voulait obtenir de la photographie. Il était d’ailleurs remarquable qu’à l’événement mondain et amical que constitue par nature un vernissage s’ajoutait ici une rare touche d’émotion et de ferveur. Beaucoup d’invités s’arrêtaient très longuement devant les images, revenaient sur leurs pas pour en revoir certaines. Pourtant on avait là nombre de spécialistes ou d’amateurs  exigeants mais visiblement, et heureusement pour eux, pas blasés. Enfin, et ce n’est pas là le moindre des événements, les commissaires de l’exposition, Pierre Apraxine et Matthieu Humery, ont offert un accrochage intelligent et sensible qui combine subtilement l’œuvre et le lieu. L’œuvre de Penn se déploie comme un grand jeu de tarots dans la suite des salles alternativement sombres et claires tout autour du patio central. Les séries, portraits, petits métiers, natures mortes, mode, etc. sont respectées mais parfois rapprochées ou bousculées : on comprend ainsi que quel que soit le sujet, c’est le même regard, la même vision des hommes et des objets qui sont à l’œuvre. La salle centrale de l’exposition, qui propose un somptueux kaléidoscope d’images toutes de sujets différents, en donne une démonstration très convaincante. Cette grande pièce baignée par une douce lumière vénitienne est la clé de voûte de l’exposition, le lieu où chacun revient tout naturellement après un premier tour. Samedi au coucher du soleil, c’était là que les commissaires, les spécialistes de Christie’s, les anciens ministres de la Culture, les collectionneurs, les artistes et tous leurs amis invités par la fondation bavardaient avec enthousiasme.
Allez voir cette exposition si vous aimez sincèrement la photographie, car autant vous prévenir, dans quelques années, lors des conversations entre connoisseurs, pour être pris au sérieux, il vaudra mieux l’avoir vue !  

Sylvie Aubenas

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