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In Memoriam : Françoise Nuñez (1957 – 2021)

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Kyoko et Didier Brousse de la Galerie Camera Obscura nous ont appris le décès de Françoise Nuñez, suite à une maladie dont l’issue a été très rapide. Ils nous ont envoyé ce texte accompagné de ces images par son mari, Bernard Plossu.

Nous avons rencontré pour la première fois Françoise à la fin des années 90, à Arles, où nous avions rendez-vous pour envisager une exposition à la galerie. Nous avons tout de suite été frappé par la qualité de son travail mais aussi par sa personnalité. Par le paradoxe d’un talent à la fois modeste et sûr de soi. Un caractère droit qui se lit dans ses cadrages verticaux, frappes nettes sur le clavier du temps. Une grande maîtrise intérieure en accord avec son intérêt récurrent pour les arts martiaux « spirituels », Aïkido, Kalarippayatt, qu’elle a pratiqué et photographié en Inde et au Japon.

Françoise refusait la séduction : elle montrait sans fioritures ni commentaires. Libre à nous d’aimer ou de passer notre chemin. D’ailleurs c’est nous qui avions l’impression d’être jaugés tandis qu’elle nous montrait son travail. Être la femme de Bernard Plossu la rendait également prudente et réservée. Elle devait sentir un intérêt sincère pour son travail sinon elle tournait les talons.

C’est en fait nous qui passions un examen.

Il fut réussi… et nous avons préparé notre première exposition personnelle à la galerie, qui eût lieu au printemps 2000. Nous avons eu depuis lors eu le bonheur de représenter son travail.

Kiyoko et Didier Brousse, galerie Camera Obscura

 

Photographe voyageuse, Françoise partait régulièrement vers l’Inde, l’Ethiopie, l’Amérique du Sud, le Japon pour, rentrée chez elle à La Ciotat, passer de longues journées dans son laboratoire où elle concrétisait en de merveilleux tirages les éblouissements de ses périples. Elle mettait également son talent au service de l’oeuvre de son mari, Bernard Plossu, dont elle réalisait une bonne partie des tirages.

Née en 1957 à Toulouse, elle a commencé à photographier en 1975. Elle étudie la technique photographique dans l’atelier de Jean Dieuzaide. Elle rencontre Bernard Plossu avec qui elle aura deux enfants, Joaquim et Manuela. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions (Galerie du Château d’eau à Toulouse, Centre de la photographie de Genève, Galerie Forum à Tarragone, C.R.P du Nord Pas-de-Calais, Galerie Camera Obscura à Paris, Festival du Regard

à Cergy-Pontoise…) et de plusieurs livres (L’Inde jour et nuit, Filigranes Editions, 2004. Mu-jô, Une invitation à Nara, Yellow Now, 2010. A Valparaiso, Filigranes Editions, 2012. Kalari, Arnaud Bizalion Editeur, 2015. De Djibouti à Addis, 1980, Yellow Now, 2018…)

« Je ne photographie pratiquement qu’en voyage. Et quand je pars, je ne pense qu’à ça. Je veux être réceptive à tout, loin d’un quotidien et d’endroits que je connais trop bien. J’aime l’inattendu, la surprise, l’émotion de la découverte. Et j’essaye de faire ressentir toutes ces émotions. »

Il y a dans les photographies de Françoise Nuñez quelque chose de l’intensité émotionnelle du voyage : un état d’apesanteur temporelle qui favorise la rencontre et l’ouverture des sen- timents, la présence au monde. Pour fugitives qu’elles soient, parfois comme dérobées du coin de l’œil en pleine marche, ces visions photographiques, immergées dans le mouvement quotidien des choses, transmettent un sentiment de communion, un amour au premier regard qui aurait l’intuition juste d’une possible relation d’équilibre entre ce que nous voyons et ce que nous sommes, entre ceux que nous rencontrons et nous-même.

 


Galerie Camera Obscura

268, boulevard Raspail 75014 Paris

http://www.galeriecameraobscura.fr/

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