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Image Singulières 2013: Roger Ballen

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Carrées, en noir et blanc, cadrées avec un mélange de précision et de perturbation de l’espace, les images de Roger Ballen sont, à chaque fois, comme la cristallisation de petites histoires, de brèves aventures qui se résument en une pièce de théâtre en un seul acte d’image, mais aussi des accumulations de questions. Nous n’aurons d’autre réponse que le trouble, l’énigme, une étrangeté générale qui traverse la question de l’identité autant que celle de la forme et du sens du portrait.

L’américain dont l’œuvre s’est essentiellement développée en Afrique du Sud propose une partie de sa série « Outland », dont un certain nombre d’inédits. Où l’on retrouve naturellement, face à la porte d’entrée, un grand format de cette icône qui fait apparaître, entre deux pieds abîmés qui semblent démesurés, un minuscule et fragile chiot.

Dans la série “Outland” (1995 – 2000), Roger Ballen se concentre sur les populations blanches et marginalisées aux alentours de Johannesburg en Afrique du Sud. Déjouant peu à peu les codes de la photographie documentaire classique utilisée dans ses séries précédentes, il aborde dans la construction de ces images une approche originale. Cette nouvelle orientation marque une transformation majeure dans le processus créatif de Ballen, dans lequel la réalité et la fiction s’entremêlent.


Dans “Outland” – qui signifie “en marge de la société” ou “aux limites de la psyché” – Ballen intègre la théâtralité de certaines situations de la vie quotidienne des personnes qu’il photographie. Celles-ci commencent à participer activement à la production des images en fictionnalisant leur propre représentation. Pour autant, ça n’en fait pas des acteurs, ni de simples modèles. Ballen créé une image hybride dans laquelle s’entremêlent portrait et tableau. Le rapport à la prise de vue qu’ont les personnes photographiées se révèle multiple et complexe, tout comme le sont les relations qui régissent la société contemporaine.


Dans “Outland”, un sentiment d’aliénation est mis en évidence et cette relation entre ordre et chaos éclaire le questionnement de Ballen sur le fonctionnement du monde. Ce n’est pas qu’il aille mal, mais il ne tourne pas rond. Il a perdu tout sens de la cohérence. A moins qu’elle en soit celle, individuelle, des mondes ignorés qui se dissimulent dans chaque cerveau et que la photographie permet ici de révéler.

Christian Caujolle

Roger Ballen: Outland
Festival Image Singulières
Du 8 au 26 mai 2013
Maison De L’image Documentaire
Sète
France

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