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Holger Hoffmann

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Les maisons des Kassena

Les Kassena sont des animistes qui vivent dans la région frontalière du Burkina Faso et du Ghana. Holger Hoffmann leur a rendu visite et est fasciné par la beauté de leurs maisons.

Lorsqu’une femme Kassena meurt, elle est ramenée à la maison de ses parents par le même chemin que celui qu’elle a emprunté lors de son mariage. Pendant le mariage, elle vit dans la maison de son mari. C’est là qu’elle donne naissance à ses enfants en présence de toutes les épouses du chef de famille, symbolisant ainsi le fait que c’est toute la maison qui donne naissance, et montrant que les enfants appartiennent à la maison, et non à la mère. Les maisons sont construites en argile. Dans la croyance des Kassena, la terre argileuse est la source utérine régénératrice de la vie. La responsabilité de l’entretien des maisons incombe aux femmes.

Les maisons sont regroupées dans une concession qui servait autrefois de forteresse. La concession est une structure organique qui évolue en fonction des changements familiaux, ce qui explique à la fois les nouveaux bâtiments ajoutés et les ruines délabrées, ainsi que la création de nombreux espaces fermés, semi-fermés ou ouverts qui correspondent aux multiples objectifs sociaux et spirituels. Du fait de cette architecture dynamique, aucune concession ne ressemble à une autre. Selon leur fonction, les maisons ont des formes différentes. Les « Draa » sont rondes avec des toits de chaume coniques et réservées aux célibataires, aux hommes âgés et aux devins. Dans les « Mangolo » rectangulaires vivent les jeunes mariés. Les « Dinian » ont la forme d’un huit couché et sont destinées aux couples plus âgés et aux enfants en bas âge. Elles se composent généralement de trois pièces : une cuisine, une chambre et une salle de réception. Ces maisons « mères » abritent l’esprit des ancêtres. La grand-mère, en particulier, a pour tâche d’enseigner à ses petits-enfants les coutumes et les traditions des ancêtres.

L’intérieur d’une concession apparaît au visiteur comme un véritable labyrinthe de pièces sombres. Toute la vie domestique s’y déroule. Par une entrée semi-circulaire d’environ 50 cm de haut, toujours orientée vers l’ouest, on pénètre dans des couloirs enfumés qui mènent aux appartements des différentes épouses du chef de famille. Chacune des épouses peut vivre en semi-autonomie dans ces chambres, qui sont équipées d’une cuisine et de bacs pour stocker le maïs, le sorgho et le millet. Dans un coin, un puits de lumière éclaire une meule sur laquelle la ménagère moud le grain. Les pots et les calebasses sont toujours soigneusement empilés près de la cheminée et sont l’expression de la richesse. Plus une femme possède de biens, plus son prestige est grand. Dans une autre alcôve, une ouverture dans le plafond permet à la fumée de s’échapper et donne accès à la terrasse du toit par une échelle. Les femmes ont ainsi accès à une série de toits cloisonnés où elles font sécher les épis de maïs et les tiges de mil. Les toits-terrasses sont également utilisés pour dormir pendant les mois les plus chauds de l’année et sont accessibles de l’extérieur soit par un escalier en terre, soit par une échelle taillée dans un tronc d’arbre qui bifurque à l’extrémité.

Chaque année vers le mois de mai, juste avant le début de la saison des pluies, les femmes renouvellent ensemble les décorations murales de leurs maisons. La femme dont la maison doit être décorée appelle les autres femmes à l’aide. Elle doit nourrir le groupe et apporter de l’eau, tandis que la plus âgée dirige les travaux et détermine les décorations et les motifs. Les autres femmes exécutent leurs tâches avec une remarquable maîtrise et une parfaite coordination. L’organisation du travail est exigeante. En une seule journée, il faut préparer les surfaces murales, fabriquer les différents enduits et peintures, transporter les matériaux, les appliquer, les lisser et réaliser les finitions, soit à la main, soit avec d’autres outils spécifiques, selon les textures souhaitées (galets, balais, plumes, etc.). Ce savoir, entretenu et transmis par les femmes, est un témoignage unique de pratiques séculaires qui leur permet de composer librement des frises de motifs dont chacun a sa signification symbolique.

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