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Galerie Nathalie Obadia Bruxelles : Agnès Varda : Calder, Richier, Schlegel, Székely

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Agnès Varda disait souvent qu’elle avait eu trois vies, une de photographe, une de cinéaste et une de plasticienne. La Galerie Nathalie Obadia consacre une exposition dans son espace bruxellois à une partie de cette première vie, clin d’œil aux origines d’Agnès Varda, née à Ixelles en 1928.

La plupart des photographies présentées ici sont montrées pour la première fois, depuis leur découverte par Rosalie Varda, fille de l’artiste et commissaire de cette exposition, dans les archives de la demeure historique du 86, rue Daguerre dans le XIVe arrondissement de Paris.

Un catalogue intitulé Calder, Richier, Schlegel, Székely par Agnès Varda comprenant le texte d’accompagnement « EVER VARDA » de Hans Ulrich Obrist, qui connaissait l’artiste depuis de nombreuses années et qui l’a invitée à présenter sa première installation, Patatutopia, à la Station Utopia lors de la Biennale de Venise 2003, est publié aux Editions Sébastien Moreu à l’occasion de cette exposition.

Agnès Varda est représentée par la Galerie Nathalie Obadia depuis 2010, et a réalisé plusieurs expositions personnelles dans les différents lieux de la galerie : Portraits brisés and Mer calme in 2010 (Brussels), Tryptiques atypiques in 2014 (Paris), Agnès Varda – Une Cabane de Cinéma : La serre du Bonheur in 2018 (Paris), et plus récemment en 2020, Valentine Schlegel par Agnès Varda (Paris).

L’œuvre photographique d’Agnès Varda est encore relativement méconnue alors qu’il s’agit de sa première activité artistique. Après l’obtention d’un CAP de photographie par les cours du soir, elle intègre le Théâtre National Populaire, sous la direction de Jean Vilar. En 1954, elle présente sa première exposition dans la cour de sa maison-atelier de la rue Daguerre en invitant ses amis.

Cette exposition présente à la fois des tirages d’époque réalisés dans la chambre noire d’Agnès Varda ainsi que des tirages argentiques posthumes. Il révèle le grand intérêt et l’amitié avec lesquels Agnès Varda a photographié ses amis artistes : Alexander Calder (1898-1976), Germaine Richier (1902-1959), Valentine Schlegel (1925-2021) et le couple Vera et Pierre Székely (1919-1994 et 1923-2001). Elle dépeint à la fois les artistes et leur travail.

 « Varda m’a dit que, pour elle, ces visites d’ateliers étaient bien plus que des portraits. Ces quatre corpus d’œuvres témoignent du dialogue profond et des amitiés qu’elle a eues très tôt avec des artistes visuels. Ils donnent un aperçu non seulement de l’espace intime où le travail est créé, et la fascination de voir son devenir, mais aussi dans la façon dont les artistes se rapportent à leur propre travail, leur connexion physique avec lui, même une fois qu’il est terminé. » Hans-Ulrich Obrist, 2021.

On retrouve Valentine Schlegel, son amie de toujours, surnommée « Linou », pétrissant sa terre en un enchaînement de plans quasi cinématographiques, ou debout dans son atelier (qui fut un temps situé rue Daguerre). Agnès Varda la fait poser au milieu de ses céramiques bulbeuses, et capture ses vases remplis de feuillages et de fleurs, parfois savamment disposés sur une table comme une nature morte d’un autre temps. Les photographies font écho aux œuvres ; de grands tirages d’époque révèlent les courbes voluptueuses des sculptures de Valentine Schlegel, qui évoquent à la fois les corps et la végétation en mouvement.

L’œil d’Agnès Varda capte le visage d’Alexander Calder, manipulant ses mobiles. Elle aimait photographier son ami américain avec son rire tonitruant, à la plage, où il pose avec humour en agitant les bras, ou dans la rue, à côté d’une de ses oeuvres.

« Il s’est fait passer pour l’empereur des bouquets métalliques. Ayant fait, à sa demande, des photographies de plusieurs de ses mobiles, il est venu récupérer les tirages et m’a proposé, avec son accent américain très épais et gloussant, de me payer en troc. Échangeons les heures, dit-il, venez dans ma réserve et choisissez un mobile, n’est-ce pas sympa ? » Agnès Varda, Varda par Agnès, 1994.

Sur les planches contact d’Agnès Varda, on voit Alexander Calder interagir avec son Cirque (1926-1931), se concentrant sur ses acrobates suspendus à des fils en pleine représentation, et les dizaines d’éléments infimes qui composent cette installation, qu’il n’a cessé d’activer tout au long sa vie.

“La façon dont il les touche nous rappelle que Calder activait ses œuvres cinétiques comme des êtres vivants” Hans Ulrich Obrist, 2021.

Au début des années 1950, Agnès Varda s’installe rue Daguerre, où elle retrouve une communauté artistique florissante. Elle est également venue rendre visite à Germaine Richier dans son atelier. L’impact de ses photographies est d’autant plus poignant que le sculpteur a disparu peu après la prise de vue, en 1959. On y voit Germaine Richier absorbée par son travail de création, entourée de ses longues sculptures aux formes tourmentées. On sent les suggestions de poses d’Agnès Varda, on voit apparaître le visage du sculpteur derrière une vitre ou sa main recouvrant la sculpture d’une Seiche.

Le couple d’artistes hongrois Vera et Pierre Székely s’installe à Paris en 1946 et s’installe à Marcoussis en 1955. C’est dans cette ville de l’Essonne qu’Agnès Varda, une amie du couple, ira photographier les Székely, ainsi qu’André Borderie et d’autres artistes. Elle pose avec humour Pierre Székely à la hauteur de ses créations aux formes organiques, et le photographie avec Véra discutant de leur travail dont il est parfois difficile de distinguer l’auteur. Les estampes révèlent des sculptures aux formes libres qui jouent sur l’équilibre et la proportion.

Cette exposition d’Agnès Varda présente des photographies inédites d’artistes qu’elle a fait poser à côté de leurs œuvres ou qu’elle a capturés en immersion dans leur travail de création.

« Elle m’a dit que si tu gardes les yeux ouverts, tout est intéressant, surtout les gens. » Hans-Ulrich Obrist, 2021.

 

Agnès Varda : Calder, Richier, Schlegel, Székely
14 janvier – 5 mars 2022
Galerie Nathalie Obadia Bruxelles
8, rue Charles Decoster – 1050 Ixelles, Brussels
www.nathalieobadia.com

 

 

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