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Galerie Miranda : Philippe Chancel / Gary Green : Rebels & Dandys

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La Galerie Miranda présente deux séries photo historiques et peu connues qui ont immortalisé la culture « underground » de Paris et de New York à la fin des années 70 et au début des années 80. A cette époque, Gary Green (né en 1956 aux Etats Unis) et Philippe Chancel (né en 1959 en France), étaient de jeunes photographes qui cherchaient leurs voies professionnelles et artistiques. Chacune de leur séries respire une jeunesse fulgurante – la leur mais aussi celle des communautés photographiées.

En 1982, Philippe Chancel, âgé alors de 21 ans, a passé un an à documenter les gangs parisiens de jeunes rockeurs, issus souvent de l’immigration. Ils rêvent d’intégration sociale et de liberté et se retrouvent dans la musique et le style vestimentaire charriés par la pop culture américaine des années 50, rejouant un Westside Story parisien.

A cette même époque de l’autre coté de l’Atlantique, la ville de New York sombre depuis plusieurs années dans une crise économique et sociale aigüe. Tous les soirs, dans les clubs et bars branchés de la ville, des musicians punk et des artistes avant-garde, photographiés par Gary Green, balancent leur rupture avec un status quo violent et sans issu.

Exposées cote à cote, ces deux séries font état de deux mouvements opposés – espoir et fulgurance à Paris, colère créatrice et rejet à New York. Mais ces séries partagent la vitalité de la jeunesse et la soif de liberté fâce à des conditions sociétales écrasantes.

Les photographies parisiennes sont remarquables par leur représentation de jeunes issus de l’immigration : ils dansent, s’embrassent et se bagarrent joyeusement avec des jeunes blancs des quartiers plus chics. Un métissage quasi impensable aujourd’hui à Paris, après des décennies de désengagement de l’état des quartiers populaires et de leur lente ghettoisation. Les photographies new yorkaises montrent elles, des visages célèbres et anonymes, de ceux qui ont contribué à la création d’une contreculture punk, critique et nécessaire fâce à l’impasse social et économique. Pour les deux séries, la galerie a choisi de mettre l’accent sur les personnages iconiques et sur la présence et le rôle que les femmes – connues et inconnues – ont joué en tant qu’artiste, musicienne, danseuse, partenaire de danse, de concours de baisers, de muse, de ‘physio’ de boite de nuit ou encore de serveuse.

 

A PROPOS DE CHAQUE SERIES ET ARTISTE

Philippe Chancel

Rebels

Paris, 1982

A Paris, le jeune photographe Philippe Chancel (né en 1959, en France) décide de se plonger au sein des Vikings et des Panthers, deux gangs de ‘Rebels’ inspirés par la culture et le style de la musique américaines des années 50: cheveux en pompadour, blouson et chaussettes blanches pour les garçons ; queue de cheval, créoles et jupes patineuses pour les filles.

Chancel s’intéresse au métissage des Vikings, en contraste radical avec les autres gangs composés de blancs et politiquement de droite. Les Vikings prend leur nom des Del Vikings, célèbre groupe de rock’n roll américain des années 50, exceptionnellement composé de noirs et de blancs. A Paris, les Vikings s’allient avec les Panthers, gang de jeunes antillais inspiré par les Black Panthers, leur style emprunté à celui des GI américains. La composition ‘black, blanc, beur’ de ces gangs est en réaction au racisme croissant de l’époque : en 1983, le Front National obtient un siège aux elections municipales de Dreux après une campagne bâtie sur le lien entre chômage et immigration. De Harlem Désir et du fameux slogan « touche pas à mon pote », on verra par la suite que du pacifisme et à visée multiculturelles. Cela entraînera un clivage identitaire qui aura malheureusement les conséquences que l’on connaît sur la société française et ses radicalisations.

Les gangs se disputent souvent et Chancel raconte la difficulté de les photographier. Mais il rappelle que l’ambiance est surtout festive et joyeuse, infusée de l’energie de ces jeunes qui cherchent leur place et leurs aspirations dans la société française, poussés par la danse et la musique optimistes de l’Amérique de l’après guerre. Rappelons le titre anglais du film ‘La fureur de vivre’ (1955) incarné par James Dean: ‘Rebel without a cause’.

Chancel photographie les voitures, les bagarres, les armes mais aussi les tenues, les concours de danse, les concours de baisers, la galanterie et la solidarité entre ces jeunes hommes et femmes, partenaires indispensables, courtisées et respectées.

Les oeuvres de Philippe Chancel sont présentées à la Galerie Miranda en collaboration amicale avec la Galerie Melanie Rio Fluency à Nantes, France.

 

Gary Green

When midnight comes around

New York, 1976-1986

« Un portrait démocratique de la scène emergente du punk new yorkais » – Sean O’Hagan, le Guardian

Pendant dix ans, le jeune photographe américain Gary Green est au coeur de la bouillonnante scène de l’underground new-yorkaise sur fond de crise sociale et économique. La délinquence atteint des pic inédits, le crack circule librement, la prostition est visible à chaque coin de rue et les riverains nomment Bryant Park et Times Square ‘Needle park’ ou ‘jardin d’aiguilles’, à cause de la grande présence de heroinomaines. Le SIDA ne tarde pas à apparaitre : une époque documentée par Nan Goldin, Peter Hujar et d’autres.

La musique est partout dans la ville : Gary Green fréquente les boites de nuit Max’s Kansas City, CBGB et le Chelsea Hotel, The Ocean Club, Hurrah’s, Trax et le Village Gate, photographiant des artistes qui deviendront des icônes, « Ces années étaient riches et le milieu musical assez petit, il était facile de plonger dedans, surtout armé d’un appareil photo car la plupart des gens aimait bien se faire photographier. »

Loin de portraits classiques de celebrités, les photographies de Gary Green sont des documents saisis sur le vif qui immortalisent des personnes et des lieux, symboles d’une ébullition artistique qui marquera l’histoire : Lou Reed, Andy Warhol et Joey Ramone sont là, avec leurs légendaires vestes en cuir et lunettes de soleil, Alex Chilton, Joe Jackson, Tom Waits, David Byrne et beaucoup d’autres. La culture punk et sa pensée alternative ouvrait égalament la porte aux artistes féminines comme Debbie Harry, Patti Smith, Kim Gordon ; plus tard, la chanteuse Chrissie Hynde dira, « La beauté du mouvement punk était que le sexisme n’y existait pas. »

Les reportages de Gary Green enrichissent l’iconographie de l’époque en photographiant les celebrités mais aussi les fans, les dandys, les muses, les fêtards et les employés des lieux. Green nous plonge dans un époque mythique où talent, posture et excès jouaient à part égale.

La série photographique complète de Gary Green When midnight comes around est publiée par l’éditeur Stanley/Barker, 2020.

 

BONUS: PLAYLISTS DEDIÉES DE L’EXPOSITION PAR DJ JEAN DE LARDEMELLE

A l’occasion de l’exposition ‘Rebels & Dandys: Philippe Chancel/Gary Green’, le DJ parisien Jean de Lardemelle a composé deux playlists dédiées de 60 titres chacune, qui incarnent l’ambiance des lieux et de l’époque de chacune des séries photographiques à Paris et à New York. A écouter sur la page YouTube de la galerie, ici:

https://www.youtube.com/channel/UCcOgvo2o38Mpmi8z9fKvsVQ/playlists

 

Philippe Chancel / Gary Green : Rebels & Dandys

6 mai – 26 juin 2021

Galerie Miranda

21 rue du Château d’Eau

75010 Paris FRANCE

www.galeriemiranda.com

 

 

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