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Gabrielle Duplantier, personnages mélancoliques et paysages aux lumières fabuleuses

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Terres Basses est le deuxième ouvrage de Gabrielle Duplantier aux éditions Lamaindonne (le premier, Volta, aujourd’hui épuisé, était paru en 2014), et David Fourré qui les dirige, publie décidément de bien beaux ouvrages.

Le livre s’ouvre sur un chemin sinuant à travers un paysage troublé qui nous mène à parcourir les images de Gabrielle Duplantier, frissonnantes, puissantes et délicates.

Son travail, bien qu’il ne soit en aucun cas empreint de désuétude tant il est hors du temps, n’est pas sans rappeler autant dans sa forme (le traitement de la lumière, le velouté des images, la sublimation du féminin avec des figures incarnées et angéliques) que dans sa poésie et sa force d’évocation littéraire et fictionnelle, la photographie victorienne, celle de Julia Margaret Cameron en particulier.

Terres Basses est un livre de deuil, dense, grave et profond, jalonné de paysages aux lumières fabuleuses et de personnages plongés dans une mélancolie sourde, comme hors de portée. Ses photographies résonnent comme des invocations, et l’auteur semble murmurer « la terre à la terre, la cendre à la cendre, et la poussière à la poussière ». Gabrielle Duplantier lève des voiles, laisse deviner des failles, sans jamais sombrer dans l’impudeur. Si son univers prend son point d’ancrage dans son histoire personnelle et dans sa terre, le Pays Basque, elle va bien au-delà du récit autobiographique et donne matière au rêve et à la fiction.

Intimement lié à la nature, Terres Basses est pourtant aussi terrien que céleste et oscille entre le sacré et le merveilleux qui affleurent comme si elle venait nous dire un conte, une histoire où la féérie, le funeste ou le mystique pouvaient surgir à chaque page. Il émane souvent un sentiment presque religieux, entre ces femmes aux visages de madones, ses soleils étranges d’apparitions, ces figures saintes parsemées. Il en va là du deuil, de la résurrection et la renaissance.

Aucun texte dans le livre, si ce n’est cette phrase d’Alberto Rosa sur lequel il se referme : « Life is the Light in Matter ». Cette lumière silencieuse, cette lueur qui s’immisce et s’incarne dans chaque page de l’ouvrage.

 

Caroline Bénichou 

Caroline Benichou est une auteure et commissaire d’exposition spécialisée en photographie. Elle vit et travaille à Paris, où elle dirige la Galerie VU’.

 

 

Gabrielle Duplantier, Terres Basses
Publié par les éditions Lamaindonne
36 euros

www.lamaindonne.fr

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