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Fukushima, no-go zone : Carlos Ayesta & Guillaume Bression

Preview
Pour différents projets documentaires, nous nous sommes rendus dans la région de Fukushima à de multiples reprises depuis le tsunami et l’accident nucléaire de mars 2011. Nous avons rencontré de nombreux résidents et sillonné la région jusque dans ses recoins les plus improbables. Un travail de mise en scène à la frontière du documentaire qui a débouché sur cinq projets.
 
Clair obscur à Fukushima, réalisé en 2011 et 2012 
Mauvais rêves ? réalisé en 2013
Packshots, réalisé en 2013 et 2014
Revenir sur nos pas… réalisé en 2014
Nature, réalisé en 2014

Revenir sur nos pas…
Les plus de 110 000 habitants évacués des alentours de la centrale nucléaire de Fukushima ont tous un jour eu cette tentation : revenir voir leur maison, leur école ou leur commerce. Et tous ont eu du mal à reconnaître ces lieux familiers devenus hostiles. Les années d’absence, les rongeurs mais aussi les effets du séisme et du tsunami du 11 mars ont laissé des traces. Dans cette nouvelle série, nous avons voulu  souligner ce choc violent perçu par les habitants à leur retour. Nous avons demandé à d’anciens résidents – parfois propriétaires des lieux – de revenir dans leur commerce ou leur école, de pousser les portes de ces lieux autrefois banals. Face à l’objectif, ils sont pourtant tenus de faire « comme si de rien était » et se comporter naturellement. L’étrange et la banalité se mêlent dans des photographies quasi-surnaturelles et pourtant plausibles, résultat d’une catastrophe nucléaire historique.  
 
Packshots
Des brocolis desséchés, des coquilles d’œuf et de la viande moisie. Leur date de péremption étant dépassée depuis longtemps, ces biens de consommations retrouvés dans les supermarchés de Fukushima sont devenus les vestiges pétrifiés d’un territoire désert, les reliques d’un Pompéi contemporain. Avec une pointe d’ironie, nous les avons photographiés sous forme de packshot, un mode de prise de vue généralement associé aux catalogues et à la promotion de produits en vente. Mais il s’agit d’un packshot décalé, réalisé à même le bitume bien loin des studios. Ces produits ne seront jamais vendus ni consommés, leur sort est de continuer à porter la trace du temps qui passe.
 
Nature
Une nature luxuriante et inquiétante, quelques années après la catastrophe, elle recouvre tout, les maisons, les voitures et les routes. Cette série documente les villes abandonnées de Fukushima aux prises avec les plantes grimpantes et les herbes folles. Une nature qui efface progressivement les traces de l’homme.
 
Mauvais rêves ?
Comment montrer ce qui ne se voit pas ? Ce qui ne se sent pas ? Nous avons choisi de délaisser l’approche documentaire pour la mise en scène, seule façon de révéler l’invisible. Directement touchés dans leurs corps et dans leur cœur par la menace de la radioactivité, les résidents de Fukushima eux-mêmes ont été sollicités pour désigner la frontière impalpable entre ce qui est contaminé et ce qui ne l’est pas. Frontière subjective s’il en est. Pourtant, les villes, les campagnes et les forêts sont divisées entre des zones interdites et d’autres pas. Pour montrer ces limites et leur flou, nous avons choisi un film étirable ou encore une bulle. Précision utile : les mises en scène sont bien réelles, les logiciels de retouche n’ont été utilisés qu’à la marge. Avec la série « Mauvais rêves », la fiction révèle le réel et non l’inverse. 
 
Clair obscur à Fukushima

Un no man’s land de 1000 kilomètres carré aux alentours de la centrale de Fukushima. Cette zone morte est certainement la trace la plus brutale et la plus visible de l’accident nucléaire. Plus de 80 000 personnes ont dû plier bagages, laissant derrière elles des villes fantôme. Pas ou peu d’éclairage public, des rues vides, des magasins abandonnés. Depuis un an, le temps s’est suspendu. Nous nous sommes rendus dans cette zone d’exclusion, en partie interdite, pour découvrir ces paysages désolés sous un angle nouveau. A l’aide de flashs, nous avons éclairé ces villes désertes la nuit. Nous pouvions ainsi focaliser notre regard, imprimer une perspective, choisir un bâtiment, un paysage. Et les faire surgir de nulle part, comme une anomalie. Les lumières artificielles, loin de rendre vie à ces villes, soulignent l’absence et le vide. Les photographies froides et brutes accentuent le malaise ressenti devant ces territoires perdus.
 

L’ensemble des portfolios peut être visionné sur le site dédié à ce travail : www.fukushima-nogozone.com

 
 
 
 
 
 

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