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Frédéric Joncour

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La lumière promise

Cette série prend sa source à l’automne 2018 et s’est terminée durant l’hiver 2022. Elle a été entièrement réalisée dans la forêt de la Sainte-Baume (Var). Elle tente de comprendre ce besoin de spiritualité, d’isolement, de voyage intérieur que tout humain est amené à vivre tôt ou tard dans le cours de sa vie… La spiritualité n’est pas forcément religieuse, elle peut être simplement « philosophique » (ce qui est mon cas). Durant ces 3 années, j’ai sondé les profondeurs les plus sombres de mon âme, là même où la lumière que l’on a toujours connue s’éteint, à la recherche d’une autre lumière, celle qui me guiderait vers une autre vie. Chaque tableau de cette exposition exprime un sentiment, un état d’âme, une station relatant l’histoire de cet indispensable parcours. Ils témoignent aussi de l’impact psychologique sur les personnes, de la tension toujours plus grandissante dans nos sociétés (mouvements sociaux, guerres, maladies, etc.). Tout au long de cette série (une trentaine d’oeuvres), des portes de sortie sont proposées1, elles débouchent peut-être — selon les croyances de chacun — vers cette autre lumière.

Malgré la tonalité très sombre des images, je souhaite au travers de cette série transmettre un message d’espoir, de résilience, à toutes celles et tous ceux qui vivent des moments douloureux. Quelles que soient leurs souffrances, leurs difficultés, leurs peines : « Ne lâchez pas, ne sombrez pas, d’autres lumières existent et valent la peine d’être découvertes ».

La forêt de la Sainte-Baume

La Sainte-Baume (83) fait face à la Sainte-Victoire (13). Elle est sacrée depuis la nuit des temps. De par sa configuration — au pied d’une gigantesque falaise orientée nord — elle offre un couvert végétal luxuriant abritant des essences totalement inattendues dans une région réputée aride une bonne partie de l’année. Au-dessus de la forêt, à flanc de falaise, se trouve la grotte où Marie-Madeleine selon la tradition orale, est venue se retirer après avoir évangélisé la Provence (depuis les Saintes-Maries-de-la-Mer). De par la « présence » de Marie-Madeleine, la Sainte-Baume fait l’objet d’une grande dévotion. Depuis le moyen-âge le « petit » peuple chrétien et les grands de ce monde, comme Louis XIV en février 1660, s’y rendent en pèlerinage.

Mon attachement à la Sainte-Baume

Jeune adulte, fraîchement doté du permis de conduire, j’adorais emmener ma mère Nicolle dont j’étais proche, sur les sentiers qui conduisent au sanctuaire de Marie-Madeleine. On y faisait ensemble de la photographie et on y discutait beaucoup. Courant 2008 ma mère, diabétique, déclare un cancer du pancréas dont elle décèdera, dans une grande souffrance, 9 mois plus tard. Fin 2017, dans un état de fatigue extrême mon médecin m’apprend que je suis diabétique. Incompréhensive (mon généraliste est une femme), je n’ai ni le profil ni un comportement à risque et devant des résultats d’analyses sérieux, elle  suggère d’une voix douce : « il faut faire un scanner du pancréas, j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe là-dedans… ». Même si cela ne présageait de rien, cette requête fût le point de bascule. Il y avait des choses que je souhaitais remettre en question depuis longtemps dans ma vie professionnelle… Le moment était venu. J’ai entrepris ce voyage intérieur quelques semaines après cet examen. À ce jour je vais bien et je me sens apaisé dans ma nouvelle vie.

Techniques mises en œuvre

J’ai fait le choix de créer cette série d’images à l’aide d’un appareil photo argentique Mamiya C330F (format carré 6×6) et de 3 optiques (55mm, 80mm et 135mm). Pourquoi ?
1. Le rendu optique de ces objectifs de conception ancienne offre un mystère certain aux images lorsqu’ils sont utilisés à grande ouverture ;
2. La photographie argentique pratiquée avec un appareil photo aussi rudimentaire vous oblige à travailler lentement. Vous vous agenouillez longtemps devant votre sujet (des plantes et des troncs d’arbres pour l’essentiel). Ce temps de réflexion — pour composer l’image, réfléchir aux différents cadrages possibles, régler les contraintes optiques inhérentes à la photographie de gros plan, la parallaxe, etc., — vous plonge nécessairement dans une certaine méditation… C’est ainsi que les titres de la plupart des images créées se sont dessinés. Ils apparaissaient sur le moment, comme évident.

Toutes les photographies ont été réalisées sur des films de 400 iso. Je les ai ensuite développés moi-même puis numérisés et travaillés sur PC. Les colorations ont été obtenues par virages partiels en incluant une asymétrie certaine entre les couleurs déposées dans les ombres et celles déposées dans les lumières. Cela donne ce que j’appelle des « polychromes asymétriques ».

Un mot sur l’auteur

Je suis né en 1965 à Toulon (Var). J’ai pris ma première photographie à l’âge de 6 ans et développé mes premiers films vers 12-13 ans avec mes parents au photo-club du village. Je me suis réellement intéressé au noir et blanc en atteignant la majorité et en me formant (1988) au Zone Système noir et blanc avec Serge Gal. J’ai écrit et publié en 2018 un livre sur le sujet.
Je suis devenu photographe freelance en 1991 (à plein temps), date à partir de laquelle je me suis spécialisé en photographie de peinture (ça a son importance dans ma démarche d’auteur). Pour cette discipline j’ai développé un système (Mire de polarisation) breveté en 1996 qui me permet de collaborer régulièrement avec des institutions régionales et nationales.
En 1999 j’ai eu le privilège d’être retenu pour la réalisation d’une commande de la ville de Pierrefeu-du-Var. L’objet était de photographier en noir et blanc et sur 4 saisons, la vie au village, de réaliser aussi tout une galerie de portraits des personnes les plus actives (instituteurs.trices, élus.es, commerçants.es, bénévoles, etc.). Ce fonds, constitué d’une soixantaine de tirages orignaux, est conservé au sein des archives municipales de la ville.
Depuis 2018 je suis locataire d’un atelier inscrit sur le Parcours des Arts de la ville d’Hyères. Il s’agit d’un programme financé par l’Europe. Dans cet atelier, j’ai décidé de relancer une activité professionnelle de prises de vues à partir du médium argentique (natures mortes, portrait, vues d’Hyères).

http://www.photographe-hyeres.fr

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