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Fondation Architectes de l’Urgence : le Népal de F. Lecloux

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Le 21 mai, la Fondation Architecte de L’Urgence organise au Pavillon de l’Arsenal à Paris, une vente caritative de tirages et dessins pour réunir des fonds et aider à la reconstructions de pays touchés par les catastrophes naturelles. En Avril dernier, lors du tremblement de terre qui a frappé le Népal, le photographe de VU’ Frédéric Lecloux, grand spécialiste de ce pays qu’il arpente avec passion depuis 22 ans, est sur place près de Katmandou dans le cadre d’un workshop. Une sélection de son travail fort et douloureux sera projeté juste avant la vente afin de témoigner de l’urgence de la situation.

Voilà 22 ans que je cherche quelque chose au Népal.D’abord randonneur, puis flâneur émerveillé, puis simple humain concerné par la fragilité des vies, je m’y suis cru un temps photojournaliste, j’ai travaillé pour des ONG sur des sujets comme la famine dans l’ouest du pays, la reconstruction d’après-guerre, la réinsertion des combattants maoïstes, j’ai photographié les électrices de l’assemblée constituante et la naissance de la République… Pourtant, si la photographie est sans doute capable de raconter les mutations d’un pays en s’efforçant de s’en tenir aux faits et en s’arrangeant comme elle peut avec le concept de vérité, j’ai compris quoique fort tard que ce n’était pas mon travail.

Suivit le temps de la « proximité dans le sentiment », pour reprendre les mots d’Anders Petersen sur sa propre recherche. Le temps de la continuité, que j’ai essayé de nommer si souvent, comme il y a peu dans ce texte sur Richard Dumas: « nous dans l’ailleurs, c’est toujours notre vie, mais ailleurs – c’est toujours nous, dans le quotidien de l’autre. Pour le pire (la certitude sur l’ailleurs, sans échappatoire) ou le meilleur (la dissolution de soi dans l’ailleurs, légère et provisoire). « Être donc , rien de plus, et chercher. À la maison, parce que c’est la maison. Au Népal, parce que c’est ici que l’équilibre entre ordre et désordre m’est le plus supportable ».
M’était. Il ne l’est plus. Le 25 avril 2015 à midi, il s’est rompu. Le déséquilibre consécutif est intolérable.
22 ans donc, et presque autant que je me demandais: y serai-je le jour où ça arrivera? Comment réagirai-je? De quoi serai-je capable?
J’ai eu le temps de déposer ma tasse de café, de sortir de la petite guest-house de Panauti, de rassembler mes stagiaires sur un parvis et de commencer à vivre avec une peur nouvelle.

C’est désormais le temps de la discontinuité. « Moi dans l’ailleurs » n’a plus aucun sens. Il n’y a plus que les morts et la destruction, et 28 millions d’enveloppes de douleur. Pourtant je suis toujours photographe, et j’aime cet endroit plus que jamais. Il va bien falloir s’en accommoder, et mettre cet amour et ce langage au service de quelque chose.
Les images rapides m’effraient. Je comprends cependant leur nécessité : faire entrer l’argent, dont le Népal aura besoin par milliards. Elles aideront sans doute aussi un jour à écrire l’histoire. Il faut qu’elles existent.

Rapides, celles-ci le sont sans doute un peu trop, ou un peu trop peu, mal assises entre deux langues. Quelques personnes sur les ruines de leur maison. Quelques traces du quotidien. Quelques histoires recueillies. Il faudra en écrire d’autres, plus lentes, et charrier des pierres et reconstruire des toits et ne pas cesser d’aimer. En attendant elles sont là, nées dans la sidération, entre les larmes – entre la peur, l’obligation, l’impossibilité de partir et la peur, l’obligation, l’impossibilité de rester.

VENTE AUX ENCHERES
« Architectes de l’Urgence »
Exposition : du 7 au 20 mai 2015
Vente aux enchères : le 21 mai 2015, 19h
Pavillon de l’Arsenal
21 Boulevard Morland
75004 Paris

France
Horaires d’ouverture du Pavillon de l’Arsenal :
Lundi: Fermé
Mardi – Samedi : 10h30 – 18h30
Dimanche : 11h -19h

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