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Fnac: Marion Hislen par Wilfrid Estève

Depuis 2010, Marion Hislen est à la Direction de l’action culturelle Fnac. « En France, la Fnac fait partie de quelques entreprises à avoir une politique culturelle autour de la photo. Son réseau regroupe 20 galeries sur tout le territoire français ainsi que Monaco. C’est unique ! D’autant que des passerelles avec les galeries Fnac italiennes existent encore : elles sont l’héritage de Laura Serani (de 1985 à 2006, Laura Serani a été directrice de la photographie et de l’audiovisuel à la Fnac et directrice de la Collection photographique de la Fnac). » Consciente de défendre une belle programmation, « hier il s’agissait d’un rêve, aujourd’hui c’est devenu un luxe« , Marion Hislen a trouvé un équilibre entre le monde de l’entreprise et celui de la photographie. « Une sorte de poste idéal qui puise dans mes deux forces vives ».

Autodidacte, Marion Hislen Hislen est issue d’une famille d’artiste dans les arts vivants. La musique et le théâtre ont rythmé son enfance. Après un parcours débuté dès le collège dans une section sport-études-danse puis dans de grandes écoles, elle décide à 30 ans de se spécialiser pour aller vers le monde de l’entreprise. Après l’obtention d’un DESS « Sciences de la production et des organisations, gestion de projet », à l’université d’Evry, elle organise en 2002 l’exposition »Paris Pékin ». Première grande exposition de la collection privée de M. Ullens, elle est plongée dans la gestion d’un événement dont le budget est de deux millions d’Euros.

Au delà de la danse, Marion a deux passions: l’architecture et la photographie. Cette dernière va la pousser en 2005 à créer et présider l’association reconnue d’intérêt général, Fetart (Paris). La promotion pour la jeune photographie européenne va devenir le fer de lance d’une équipe très motivée. Le but premier est d’aider l’insertion de jeunes photographes dans le monde professionnel. « Etre passeur, révéler des talents, leur faire avoir un premier job« . S’en suivra 25 expositions réalisées, plus de 100 artistes exposés et 3 éditions du festival européen Circulation. « C’est une belle réussite, d’autant que l’événement a été créé de toutes pièces en étant indépendant. Tout est basé sur l’énergie et le dynamisme d’une équipe associative et bénévole. C’est assez atypique dans le paysage étatique de la photographie. Au delà des résultats concrets, en France, il faut beaucoup de temps pour se faire reconnaître. La mise en danger de la structure est réelle. Et même aujourd’hui, l’association est extrêmement fragile« .

Cependant pour Marion Hislen, les choses sont claires : « J’ai eu la chance de pouvoir toujours travailler de mes passions. Les actions bénévoles dans Fetart m’ont apporté une réelle expertise qui m’a servi de passerelle vers le monde de l’entreprise. » Les actions historiques de la Fnac envers la photographie l’attirent d’autant « qu’en 2010, l’entreprise avait une réelle volonté de remettre la photo et de dynamiser le service. J’avais des idées et j’ai été recrutée. Je souhaitais valoriser plus la communication autour des actions, des « galeries Photo Fnac » ainsi que la création d’événements majeurs grand public dont les « Fnac studio ».

« Le Fnac Studio, c’est une de mes idées. Je souhaitais créer un événement qui parle aux professionnels, aux amateurs éclairés et au grand public. Il s’agissait de créer des passerelles qui prennent corps à l’intérieur des Fnac. La photographie fait partie de notre quotidien et notre téléphone publie des images sur les réseaux. En parallèle, la pratique du studio avait disparu de nos habitudes, ce qui est dommage car dans notre tradition, les albums de famille regorgent de belles photos « préparées ». L’idée est de faire vivre un beau moment « de famille » et chose importante, sous le regard d’un auteur. Ceci pour créer aussi une archive pour l’album, un beau souvenir qui reste d’un instant T. Cela a été au delà de nos espérances. Au delà de la rencontre avec un auteur, la Fnac a touché le coeur des gens, le ressenti des familles a été incroyable. Un moment suspendu dans l’histoire de la famille. »

Chacun prend le temps de la mise en scène et la famille repart avec deux tirages 20×30 signés par l’auteur (qui souvent met des mots personnels). Malgré le succès, on fait en sorte que ce ne soit pas l’usine. L’événement est gratuit et les photographes sont prestigieux : Juan Manuel Castro Prieto, Denis Darzacq (prix Niepce 2012), Stan Guigui, Rip Hopkins, François Huguier, Paolo Verzone, Bertrand Desprez, Philippe Brault, Gilles Favier de l’agence VU’ se sont déjà prêtés au jeu des portraits de famille.

Au delà des « Fnac studio », Marion Hislen a imaginé les Forums comme des lieux ouverts et d’échanges. « L’agence VII nous a demandé par exemple d’accueillir une conférence autour de trois photojournalistes« . Marion Hislen reste ouverte aux propositions d’indépendants, de collectifs ou d’agences, en sachant que les programmations se font principalement par rapport à des sorties de livres photo. Pour la rentrée, dans le cadre de Visa, Martina Bacigalupo et Pascal Maitre ont par exemple été exposés à Paris. « Nous organisons l’ensemble du vernissage et de la signature et les rencontres sont captées. La Fnac engage des frais : les tirages sont produits, les encadrements réalisés, on gère la communication et dressons un buffet ! Trois mois de préparation sont nécessaires« .

« Je travaille en équipe réduite et aimerais continuer sur cette lancée. Mes souhaits sont les mêmes qu’à mon arrivée : poursuivre l’engagement de l’entreprise envers la photographie, multiplier les actions vers un ensemble de publics et bien sûr faire vivre la photographie dans l’ensemble du réseau de magasins. »

Pour l’heure, Marion travaille sur deux expositions importantes dans le cadre du mois de la Photo. Il s’agit d’exposer une partie de la collection Fnac, soit 2.500 oeuvres photographiques récoltées sur 35 ans. Le commissariat est d’Agnès De Gouvion Saint-Cyr et plusieurs rencontres sont prévues avec notamment Laura Serani, John Batho et Eugène Bavcar.

En 2013, Marion souhaite mettre à l’honneur les 35 ans de la collection. La confrontation d’une grande diversité d’œuvres serait une belle invitation à la découverte d’un remarquable fond contemporain.

Wilfrid Estève

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