Exposition photo ArtVerona OFF / Iconoclash

Il émane de Vérone et de son héritage shakespearien une atmosphère fascinante, qui remonte à l’époque de Roméo et Juliette. On se croirait aussi dans une « pièce de théâtre » lorsqu’on se promène dans les expositions d’ArtVerona OFF, qui fait partie de l’ArtVerona / Art Project Fair, consacré à l’art moderne et contemporain et qui se démarque par son goût pour l’expérimentation et le dialogue entre les différents langages, comme si les artistes et leurs oeuvres étaient sur une scène.

Iconoclash. Il conflitto delle immagini (Iconoclash. Le conflit des images), traite par exemple du processus de création des images, qui a évolué si rapidement depuis quelques années, tandis qu’Il Mio Corpo nel Tempo (Mon corps dans le temps) aborde la question de la relation entre le temps qui passe et l’art. Les deux intègrent ArtVerona OFF.

Iconoclash porte son attention sur les innombrables images produites chaque seconde (photos, dessins, images numériques, émoticônes) grâce aux nouvelles technologies. C’est comme si la pensée par images devenait notre modèle de « lecture du monde », théorisait l’auteur italien Italo Calvino dans ses Lezioni Americane (Leçons américaines). Notre société révèle dans le même temps une double tendance à une forme d’iconoclastie, notamment pour des questions culturelles et en raison de circonstances matérielles (à savoir l’usure du temps ou l’impossibilité de préserver toutes les images).

La numérisation et la dématérialisation des images posent la question de leur durée de vie. Outre leur destruction causée par les bouleversements sociaux, leur suppression est parfois due à des raisons plus sournoises, comme les tremblements de terre ou même le flot continu de leur création, qui cause leur dévaluation. Les photographes se meuvent à la frontière entre l’amour des images et leur désir de les supprimer en les découpant, les fragmentant, les détruisant ou en érodant leurs surfaces. On compte parmi les artistes : Nazgol Ansarinia, Jiri Kolar, Mimmo Jodice, Gianni Politi, Jesse Ash, Davide Trabucco, Ryan Gander, Paolo Gioli, Mandla Reuter. Les commissaires de l’exposition, produite en collaboration avec le Musée de Castelvecchio et le Consorzio Collezionisti delle Pianure, sont Antonio Grulli, Diego Bergamschi et Marco Martini (qui signent leurs projets sous le nom d’Eddy Merckx).

Les artistes présentés traitent du passage du temps, dont ils témoignent par leurs propres corps dans l’exposition Il Mio Corpo nel Tempo (organisée par Adriana Polveroni et Patrizia Nuzzo). Urs Lüthi, Luigi Ontani et Roman Opalka se considèrent eux-mêmes comme des « documents » qui dévoilent la vérité. A notre époque où la tendance est à dissimuler le flot du temps, leur recherche prend la forme d’une remarque critique intéressante. Le Off se poursuit jusqu’en janvier, dans la continuité de la 13ème édition d’ArtVerona, qui accueille une sélection de 135 galeries. Beaucoup d’entre elles sont spécialisées dans la photo, à la fois ancienne et moderne. Sous la direction artistique d’Adriana Polveroni et en partenariat avec l’Association Italienne des Galeries d’Art Contemporain et Moderne, l’événement a choisi de se concentrer sur l’amélioration du système artistique en Italie.

Le cœur de cette édition était en effet Viaggio in Italia #BacktoItaly (Voyage en Italie).Le Grand Tour visait à souligner l’attirance que les artistes ont toujours eu pour l’Italie, en présentant les réalités étrangères dans le pays et les galeries italiennes à l’étranger qui sont « re-venues » en Italie, proposant une nouvelle interprétation du concept de « voyage ». A partir de 2017, réalisant sa mission de promotion des entités indépendantes, ArtVerona a accueilli le nouveau projet Free Stage, incluant plusieurs jeunes artistes qui ne sont toujours pas soutenus par une galerie, mais présentés par des artistes de la génération précédente. les collections restent un point central de l’évènement, avec par exemple Primo Amore, plateforme destinée à guider le public et les jeunes collectionneurs vers la qualité, à travers des œuvres abordables.