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Erik Johansson : Incisions de la matrice

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Captant l’héritage du surréalisme, Erik Johansson ouvre à tous les sens du terme le réel.  La tiare de l’imaginaire jaillit des soutanes noires de la matrice terrestre. Manière de réveiller un monde mourant, asphyxié  mais pas forcément pour l’embellir : il s’agit d’en traduire le chaos. A la majesté des palais de la nature font place leurs écornures.

Tel une taupe ou un chirurgien Johansson soulève la peau du monde. L’importance de la narration devient fondamentale. Mais son surréalisme n’est pas forcément aimable : le cauchemar est plus proche que le rêve.

L’artiste y traduit l’inquiétude postmoderne. Il donne des visions de dévoilements. Ses révélations ne sont en rien de séduisants postiches. Apparaît une contre épopée jamais éloignée du romantisme de la ruine, bien plus pertinente que le fantastique mineur de la science-fiction. A la régression hypothétique font place les signes de la grandeur et de la décadence des mondes d’aujourd’hui.

L’espace se dé-spatialise, se délie, se défait. Le plasticien rend la pensée ardente en soulevant le monde selon un risque inconcevable mais aussi une dimension sublime de possible extase.  Surgit la proximité et la distance. Demeure moins l’impression de la torsion physique du monde que la sensation qu’elle induit.

Incisé, le réel entraîne le regard : il devient sans défense. Peut-être pour que tout recommence au moment où tout est sur le point de finir. Et que tout reste à « écrire ».

Le monde devient une survivance d’une peuplade en voie de perdition. Et ce dans le temps lui-même bien plus encore qu’au sein de l’espace afin d’atteindre un « temps pur » que Proust appelait de ses voeux. Peut-être un temps sans conscience, un temps des premiers êtres.

L’œuvre devient le philtre mystérieux qui unit et sépare la réceptivité organisée, l’hospitalité sociale. Bref elle dérange l’ordre, elle est la fausse note qui perturbe le choeur antique de l’image. Elle sort ainsi de toute  inhibition en proposant un univers fantomatique. Le monde finit de se brûler les ailes comme une éphémère obstinée.

EXPOSITION
Erik Johansson : Select Works
du 26 février au 10 avril 2016
Museum of Photography (Fotografiska)
Stadsgårdshamnen 22
116 45 Stockholm
Suède
http://fotografiska.eu
http://www.erikjohanssonphoto.com

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