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Entretien avec Camille Cuisset, à l’occasion de l’exposition du Jeu de Paume de Tours

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Les paysages de la Loire captés par Thibaut Cuisset sont exposés au Jeu de Paume de Tours, tout près du fleuve. Une occasion de s’immerger dans l’une des séries du vaste projet du photographe. Pour L’Œil de la Photographie, sa fille, Camille Cuisset, co-commissaire de l’exposition aux côtés de Quentin Bajac, a répondu à nos questions.

 

L’exposition présente des photographies réalisées autour de la Loire. C’est un fleuve et un coin de France qui l’inspirait particulièrement ?

Oui, la thématique du fleuve l’intéresse en général, parce qu’il y a une intervention sur le paysage. Le fleuve en lui-même, mais aussi toutes les activités qui ont lieu autour du fleuve. Il a travaillé sur la Somme, la Seine et la Loire. La Loire est particulière dans son travail parce qu’il a suivi tout son cours, les 1000 kilomètres, il aimait vraiment la lumière singulière autour du fleuve et donc se dégage clairement une série. Tous les aménagements du territoire que cela suppose, les ports par exemple, ou encore les cultures, les ponts… C’est ce que nous voulons montrer avec Quentin Bajac dans cette exposition. Mais cette série s’inscrit vraiment dans un projet plus large qui consistait à photographier les campagnes françaises et montrer leur diversité.

 

Quelle est la genèse de ce projet ?

Il a commencé ce travail en 1994 avec l’Observatoire photographique du paysage dans les Côtes- d’Armor et peu à peu, il s’est passionné pour les campagnes françaises. Il cherchait ce qu’il nommait des « espaces intermédiaires », c’est-à-dire des espaces entre ville et campagne, entre campagne et nature. Il souhaitait les montrer sans pathos et avec la distance la plus juste possible, en évitant la présence humaine tout en montrant les traces des activités humaines.

 

Comment travaillait-il ?

Il préparait toujours ses voyages avant d’aller sur les lieux des prises de vue. Il utilisait des cartes IGN ou des cartes routières, puis il partait en voiture, même s’il lui arrivait de marcher aussi. Il était la plupart du temps seul. À partir de l’itinéraire qu’il avait choisi, il faisait d’abord un repérage et ensuite il décidait de l’endroit de la prise de vue. Il travaillait à la chambre et donc en général, il cherchait vraiment le point de vue qui lui convenait avant de s’y installer. Après la prise de vue, il faisait un énorme travail de sélection. Il avait été formé comme tireur photographique et faisait donc lui-même les tirages. Il y a une continuité entre le terrain et la photo tangible.

 

Était-il influencé par la peinture ?

Oui, ses références sont d’abord là. Dans la peinture, il cite Paul Cézanne et Claude Monet, ou encore Gerhard Richter. Et puis aussi le cinéma : Pasolini, Godard… Il disait que la lumière était mieux transcrite dans le cinéma des années 1980 que dans la photographie.

 

Qu’est-ce que représentait la photographie pour lui ?

Il en parlait un petit peu et j’ai essayé de chercher une réponse… Il a souhaité s’inscrire dans la photographie documentaire tout en laissant une place à l’esthétique. Il a dit à quelques reprises qu’il se situait dans le style documentaire de Walker Evans. Son projet sur les campagnes françaises était une volonté de montrer la France et d’aborder plusieurs types de paysages. Il appelait ce projet un « atlas poétique et sensible ».

 

Entretien réalisé par Jean-Baptiste Gauvin

 

 

Thibaut Cuisset

Exposition au Château de Tours – Loire

25 novembre 2021 – 22 mai 2022

 

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