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Circulation(s) 2016 : Entretien avec Alejandra Carles-Tolra

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Voici l’entretien entre Alejandra Carles-Tolra et Sophie Bernard, dans le cadre de notre couverture du festival Circulation(s). « The Bears », est présenté dans sélection du jury, le sujet dresse le portrait de l’équipe de rugby féminin de la Brown University.

Pourquoi êtes-vous devenue photographie ?

J’ai toujours voulu comprendre comment les identités naissent et se forgent par rapport à ce qui nous entoure. En étudiant la sociologie, j’ai ressenti le besoin d’utiliser un langage universel de manière à m’adresser au plus grand nombre. La photographie était pour moi le médium parfait pour continuer à la fois à explorer mes centres d’intérêt et m’exprimer. Concernant la question de ce qui définit nos identités, à ce qui nous entoure s’ajoute l’idée du groupe et de la place que peut y prendre et y jouer un individu. C’est un sujet récurrent dans mon travail.

Comment avez-vous connu le festival Circulation(s) ?

Par d’autres photographes qui y étaient allés ou qui y avaient participé, notamment Ruben Plasencia. Je n’ai entendu que des choses positives sur le festival, notamment sur la visibilité que cela donne à son travail. J’ai donc j’ai décidé d’envoyer ma candidature.

Qu’en attendez-vous ?

De rencontrer un maximum de personnes afin de pouvoir diffuser mon travail plus largement et, je l’espère, d’avoir des opportunités nouvelles, commandes, expositions ou publications.

Vivez-vous de la photographie ?

Oui, je vis de mon travail photographique en tant qu’indépendante dans le domaine du photojournalisme et grâce à des commandes. Mais ce n’est pas suffisant ! Je complète donc avec d’autres boulots. J’enseigne la photographie et je travaille pour des ONG pour lesquelles je fais des workshops.

Décrivez le propos de votre série présentée à Circulation(s) et expliquez pourquoi vous avez décidé de la faire.

Pour ma série précédente intitulée Fall In, j’ai passé deux ans à photographier des cadets dans une école militaire. J’ai alors beaucoup appris sur les femmes qui évoluent dans un univers dominé par les hommes. J’ai ensuite voulu photographier d’autres femmes au sein d’un groupe dans lequel elles étaient minoritaires. Je venais de déménager de Boston à Providence. C’est là que se trouve l’Université Brown où il y a un club de rugby féminin. J’ai tout de suite voulu en savoir plus et j’ai donc commencé à faire des recherches sur l’équipe et son histoire. Finalement, j’ai pris contact avec l’entraîneur pour lui présenter mon travail. A partir de ce moment-là, j’ai assisté régulièrement aux entraînements. En rejoignant l’équipe de rugby, ces étudiantes pénètrent dans une communauté qui les incite à se surpasser physiquement en tant qu’athlètes mais également mentalement. Rejoindre l’équipe ne signifie pas seulement pour elles pratiquer un sport, c’est aussi une manière d’appartenir à une communauté dont l’identité est forte et où elles peuvent se trouver elles-mêmes. Avec ce travail, je veux dépasser les stéréotypes et définir leur identité de manière plus large. Je veux montrer ce que c’est que de pratiquer un sport masculin comme le rugby quand on est une femme. Je cherche à rendre visible ce qui définit le sport et les athlètes, à montrer à la fois la violence et la grâce, la faiblesse et la force, le masculin et féminin.

Quels sont vos maîtres ou vos références dans la photographie ou dans l’histoire de l’art ?

J’ai toujours admiré le travail de Diane Arbus : ses portraits sont poignants, bouleversants. J’apprécie également les vidéos de Rineke Dijkstra qui aborde à chaque fois la question de l’identité de manière singulière. J’aime aussi Felix Gonzalez-Torres qui savait décrire les classes sociales supérieures de manière très poétique et l’écrivain Junot Diaz qui m’a également beaucoup influencé parce qu’il sait particulièrement bien décrire l’humain et les relations interculturelles. Enfin, je citerais le réalisateur américain Wes Anderson pour son sens unique de la composition…

Pensez-vous que la photo ou une photo peut changer le monde ?

Absolument ! Je pense qu’une photographie peut soulever suffisamment de questionnements pour commencer à changer le monde.

En quoi la photographie a-t-elle changé votre point de vue sur le monde ?

La photographie me permet de voir la vie comme quelque chose d’intrigant et de mystérieux. La photographie, c’est aussi léger qu’un jeu, aussi parlant qu’un livre, aussi captivant qu’un film et aussi surprenant qu’un cadeau. La photographie me permet d’être en alerte et de regarder les choses autrement. Elle a la capacité de donner de nouvelles perspectives à la vie.

FESTIVAL
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européeene

Du 26 mars au 26 juin 2016
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Fermé le lundi
Plein tarif : 5 euros
Tarif réduit : 3/2 euros
Les expositions en plein air sont libres d’accès ainsi que Little Circulation(s)
Catalogue
Editions 2016, 22 euros
http://www.festival-circulations.com
http://www.alejandractr.com

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