Rechercher un article

Elles et leurs regards sur la Chine 1949-1968 : Eva Siao – Dominique Darbois – Solange Brand

Preview

Trois femmes occidentales ont découvert, regardé, photographié la Chine à des moments historiques que traversaient le pays et sa capitale, Pékin – pays alors coupé du monde. Trois regards, trois points de vue et beaucoup de constantes en un temps de profonds bouleversements. La vie quotidienne, l’espace public de la rue résistent et des gestes ancestraux perdurent. Les unes retrouveront dans les pas de l’autre un pays aux multiples rendez-vous avec l’Histoire et qui pourtant vaque à ses occupations du jour.

Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame l’instauration de la République populaire de Chine. Eva Siao, une Allemande mariée à un Chinois proche de Mao Zedong, documente la construction d’un nouveau pouvoir et s’attache à la vie comme elle va.

En 1957, Mao Zedong met en place la Campagne des Cent fleurs pour rétablir l’autorité du Parti communiste. Dominique Darbois profite d’une brève ouverture du pays aux étrangers pour sillonner la Chine des villes et des campagnes en pleine réorganisation.

En 1966, Mao Zedong lance la Révolution culturelle. La jeune Solange Brand travaille à l’Ambassade de France à Pékin. Elle photographie en couleur et en toute liberté la vie quotidienne d’un peuple emporté par les bouleversements qui s’opèrent dans les tumultes de l’Histoire.

Françoise Denoyelle

 

Eva Siao (1911-2001)

Photographe, Eva Sandberg quitte l’Allemagne en 1930 et rejoint son frère, chef d’orchestre à Stockholm. En 1934, lors d’un voyage en URSS, elle rencontre puis épouse le poète chinois Emi Siao, ami d’enfance de Mao Zedong. Elle s’établit à Moscou et prend la nationalité soviétique. En 1939, Emi est appelé par Mao Zedong,  replié dans les grottes de Yenan. Elle le rejoint en août 1940 avec son fils et donne naissance à un deuxième fils. En 1943, elle repart seule en URSS avec ses enfants et s’établit au Kazhakstan où elle subsiste grâce à son activité de photographe.

En 1949, elle apprend la présence à Moscou de son mari qui dirige une délégation chinoise et repart avec lui pour Pékin. Ils fréquentent le premier cercle du pouvoir. Elle travaille pour l’agence de presse officielle Xinhua tout en collaborant avec les agences soviétique et est-allemande. Elle photographie également la rue et la vie quotidienne. Après la rupture sino-soviétique, elle doit embrasser la nationalité chinoise.

En 1967, lors de la Révolution culturelle, Eva Siao est arrêtée peu après son mari. Ils sortiront de prison sept ans plus tard. Réhabilitée en 1979, elle reprend son travail, expose à Stockholm, en Allemagne et publie son autobiographie. Elle disparaît en 2001 après avoir légué son œuvre au musée Ludwig à Cologne.

 

Dominique Darbois (1925-2014)

À 16 ans, Dominique Darbois, rejoint la résistance en 1941. Juive, elle est internée au camp de Drancy de 1942 à 1944. À la Libération, elle intègre l’armée, sert en Indochine et au Tonkin.

De retour à Paris, en 1946, Pierre Jahan l’initie à la photographie. Après un voyage en Amazonie, elle publie plusieurs livres sur la vie des Indiens. De 1952 à 1978, elle sillonne le monde et se consacre à la publication d’une collection de 20 ouvrages « Enfants du monde » dont elle réalise les images et les textes.

Son voyage en Chine, en 1957, précède de peu le Grand Bond en Avant, période d’industrialisation à marche forcée. Elle documente le travail dans des régions en pleine transformation, mais  aussi la vie quotidienne en ville, à la campagne et dans un camp de rééducation.

Lors de la guerre d’Algérie, un de ses ouvrages est interdit. En 1963, membre du réseau Jeanson, condamnée à dix ans de prison, elle se cache jusqu’à l’amnistie. De 1966 à 1969, elle travaille pour le ministère de l’information algérien et dirige la couverture photographique du premier Festival Panafricain à Alger.

De 1981 à 1986,  elle œuvre à l’élargissement des droits des femmes avec la ministre Yvette Roudy. En 2004, elle publie deux ouvrages sur les femmes africaines et un dernier sur les enfants comme ultime salut à la vie.

 

Solange Brand (1946-)

Tout juste sortie de son lycée parisien, à 19 ans, Solange Brand rejoint en novembre 1965 un poste à l’Ambassade de France à Pékin. Elle y restera trois ans. Novice en photographie, mais voulant garder trace de ce qu’elle découvre, elle acquiert un appareil Pentax à Hongkong  où elle se procure et fait développer également ses rouleaux de diapositives Agfacolor. Les films couleur sont à l’époque indisponibles en Chine, excepté pour la presse et la propagande.

La Révolution culturelle éclate six mois après son arrivée. À pied, puis en Solex, Solange Brand arpente la capitale en ébullition. Elle photographie la vie simple des Pékinois, les grandes manifestations de gardes rouges  et des « longues marches » solitaires s’égrenant le long des routes. Elle reçoit l’autorisation de visiter quelques villes et déclenche alors où bon lui semble.

Elle rentre en France en décembre 1968, range ses photographies.  Elle entre au journal Le Monde en 1969, rejoint la rédaction du quotidien en 1971 puis celle du Monde diplomatique en 1980.

L’arrivée des techniques numériques lui ouvre de nouvelles perspectives. Le passage de la diapositive à l’écran d’ordinateur lui permet de revisiter ses images et de mieux les partager.  S’ensuivent diverses publications et expositions en France, en Chine, au Japon et dans différents pays. (http://solange-brand.com)

 

Commissaires de l’exposition : Françoise Denoyelle & Solange Brand

 

Elles, leurs regard sur la Chine 1949-1968
3 regards de femmes sur la Chine
Le regard d’Eva Siao sur la Chine lors de l’installation du régime communiste
Le regard de Dominique Darbois sur la Chine pendant le Grand bon en avant
Le regard de Solange Brand sur la Chine pendant la Révolution culturelle
À Mérignac, la vieille Eglise
15 janvier-3 avril 2022

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android