Diplômé de la Sorbonne en Art et média numérique, Edouard Taufenbach est né en 1988. Il fait partie des vingt-quatre artistes choisis par le jury réuni par Circulation(s) suite à l’appel à candidature. Entretien.
Pourquoi êtes-vous devenu photographe ?
Bien que sélectionné cette année au festival Circulation(s), je ne suis pas photographe. Je considère mon travail comme celui d’un artiste plasticien élaborant une création à partir de photographies.
Vivez-vous de la photographie ? Avez-vous une autre activité à côté ? Quel type ?
Depuis maintenant un an, je vis uniquement de mon activité artistique.
Comment avez-vous connu le festival Circulations ? Qu’en attendez-vous ?
Depuis plusieurs années, je suis un fidèle visiteur du festival. La présentation du travail d’artistes non photographes, comme Audrey Laurans ou Grzegorz Loznikow, m’a encouragé à présenter ma candidature.
Décrivez le propos de votre série et expliquez pourquoi vous avez décidé de la faire ?
Cette série de collages peints est réalisée à partir de retirages de photographies familiales anonymes. Elle a pour objectif – par la répétition et en transformant la fixité des images en mouvement mécanique – de faire basculer des photographies domestiques originellement du côté du témoignage et du document, vers la fiction. Se raconter des histoires, construire du récit, est je crois une piste de réappropriation importante pour des images photographiques qui nous sont à la fois inconnues et familières.
En quoi consiste l’étape préparatoire de votre travail ?
La production de mon travail est divisée en de nombreuses étapes : à la genèse il y a la sélection d’un ensemble de photographies choisies parmi un lot d’images vernaculaires familiales anonymes que j’ai achetées. Après cette sélection opérée autour de l’idée de narration (les images ont été choisies pour leurs qualités fictionnelles), suit la création de formes, de variations, dans lesquelles je déploie l’image choisie. Vient ensuite l’exécution du collage : tout d’abord le retirage de la photographie, je peins ces retirages, les découpe et, enfin, les colle pour recomposer une forme pensée préalablement.
Quels sont vos maîtres ou vos références dans la photographie ou dans l’histoire de l’art ?
Le modernisme du Bauhaus est une référence importante pour moi. L’art cinétique est très influent dans ma culture et ma sensibilité artistique, comme le travail de Josef Albers (bien qu’il soit antérieur à ce courant) pour son incroyable sens de la couleur, les formes et variations de Brigitte Riley ou encore les rythmes de Carlos Cruz-Diez. Pour ce travail, j’aime à me référer aussi à l’art vidéo de Paul Sharits ou à la musique lumineuse d’Oskar Fischinger. Il y a aussi une influence forte du cinéma en tant que machine, mécanique, et par les formes produites par les inventions antérieures comme la chronophotographie de Marey ou Muybridge ou les lanternes magiques.
En quoi la photographie a-t-elle changé votre point de vue sur le monde ?
Disons que la photographie, tout comme le cinéma d’ailleurs, par la notion de point de vue nous aide à penser la subjectivité. Par leur capacité de sauvegarde de l’image, ils sont aussi de fantastiques médias pour voyager dans le passé et la mémoire.
Propos recueillis par Sophie Bernard
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européenne
Du 21 janvier au 5 mars 2017
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Catalogue
Editions 2017, publié parle bec en l’air, 22 euros
www.galerie-circulations.com