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Duane Michals fête ses 90 ans !

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Duane Michals vient d’avoir 90 ans. Admira sa galerie de Milan et nous avons eu envie de lui souhaiter un très joyeux anniversaire en vous montrant ces quelques images et ce texte par Enrica Viganò !

« Quand vous regardez mes photographies, vous regardez mes pensées. » Ces mots sont la clé pour interpréter toute l’œuvre de Duane Michals. Une œuvre qui correspond à sa philosophie de vie – chose rare chez les artistes. Il y a cinquante ans, à ses débuts, cette phrase était déjà à la base d’images qui visaient à bousculer les axiomes du langage photographique pour révolutionner la forme et le fond.

Sa personnalité – une sensibilité aiguë, éloignée des lieux communs – l’a contraint dès le début à regarder au delà de la surface des choses, au-delà de la réalité photographiable, afin de saisir l’essence de notre existence : “Je crois à l’imaginaire. Ce que je ne peux pas voir est infiniment plus important que ce que je peux voir ». C’est sur le fond qu’il opère sa première révolution : Michals prend ses distances avec la photographie comme outil de mémoire visuelle ou comme récit de faits. Ce qui ne se voit pas, ce qui est clos, devient l’objet de ses investigations.

Compte tenu de la complexité et de la délicatesse du contenu de son œuvre, il était inévitable que Michals invente de nouvelles formes d’expression. D’où sa seconde révolution : séquences et photo-textes. Avec la première, Michals questionne le statut sacré de l’image unique en construisant des photo-récits avec plusieurs images, défiant ainsi l’auto-confinement et l’autosuffisance de l’image fixe solitaire. De plus, avec les œuvres dans lesquelles il incorpore des textes plus ou moins longs, dans une écriture manuscrite minutieuse, il rejette la conviction qu’une photo en dit plus que mille mots – une idée chère aux photographes traditionnels de son époque.

Michals entre en conflit avec les lieux communs qui l’entourent, mais continue, imperturbable, à poursuivre sa créativité, qui dépasse de loin les habitudes du monde de l’art. A cela fait écho le caractère diatribe d’une de ses expositions thématiques (On Contemporary Art, 2001) : une série qui revisite les œuvres d’artistes très cotés en parodiant leurs images avec des textes satiriques dans lesquels la voix « officielle » des critiques d’art louent leur créativité dans un langage codifié. À travers cette série – une déclaration claire sur l’art contemporain, ou plutôt sur le vice et la trahison du marché – Michals souligne ce message : « N’essayez jamais d’être un artiste. Faites simplement votre travail. Si l’œuvre est vraie, elle deviendra de l’art . » 

Il n’a jamais manqué de courage, comme en témoignent les thèmes abordés tout au long de sa carrière. Avec un langage qui va à l’essentiel, il aborde des thèmes mystiques mais aussi d’autres, plus existentiels, comme l’exploration de la vie et de la mort, toujours imaginée comme une transformation, et du temps aussi : “Dès que je dis ‛ maintenant’, il devient ‘alors' ». D’autres sujets souvent abordés concernent la condition humaine dans la société : le racisme, l’émancipation féminine, l’homosexualité et la guerre, entre autres.

Parallèlement à ses recherches personnelles, Michals a poursuivi son travail commercial pour des magazines tels que Vogue, Esquire et Scientific American. Sa spécialité est le portrait, qui là aussi se distingue par une créativité sans cesse novatrice. Il a photographié de nombreuses personnalités du monde de la culture et du show business.

Michals est un artiste qui repousse sans cesse ses propres limites dans la recherche de nouveaux modes d’expression. Il déborde d’énergie et, bien au-delà de ses quatre-vingt-dix ans, il continue à pondre des idées peu communes. Aujourd’hui encore, sa production créative est imparable et il expérimente différentes expressions et outils artistiques : vidéo, sculpture, design, écriture, peinture et collage, réussissant toujours à nous surprendre par son imagination infinie.

Le secret de cet homme fascinant réside peut-être dans le fait qu’il se comporte avec la joie et la légèreté d’un jeune garçon, mais regarde le monde avec la pleine conscience d’un vieux sage.

Enrica Viganò

 

ADMIRA (Milan)
Via Mercadante, 3
Milan 20124, Italie
www.admiraphotography.it
[email protected]

 

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