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Close UP : Ciril Jazbec par Patricia Lanza

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Histoire : Monstres du Printemps, Shrovetide

Ciril Jazbec est un photographe et réalisateur slovène. Son travail est centré sur les communautés confrontées aux effets de la mondialisation et de la crise climatique. Dans ses projets à long terme, il vise à sensibiliser sur la détérioration de notre planète et l’impact croissant de la crise climatique. Il a été témoin de l’élévation du niveau de la mer à Kiribati (ile de Micronésie dans l’océan Pacifique), de l’érosion et de la fonte du pergélisol en Alaska, et a passé plus de sept mois au Groenland pour documenter les effets du climat sur les Inuits. Son dernier projet multimédia l’a emmené dans l’Himalaya, les Alpes et les Andes dans le but de comprendre comment les gens font face à la crise du changement climatique.

Jazbec a étudié la gestion à la Faculté d’économie de Ljubljana avant de déménager à Londres pour étudier la photographie. Il a obtenu une maîtrise en photojournalisme et photographie documentaire du London College of Communication en 2011.

Ses récompenses incluent le World Press Photo Award en 2021, le Leica Oskar Barnack Newcomer Award en 2013, Photo Folio Review lauréat des Rencontres d’Arles en 2013, Magnum 30 under 30 en 2015, PDN’30 New and Emerging Photographers to Watch en 2016. , et le prix international des images de l’année pour la compréhension mondiale en 2018. Son film « Dream to Cure Water » a remporté le prix dans la catégorie des histoires sur le climat aux Jackson Wild Media Awards en 2023.

Jazbec est photographe, cinéaste et explorateur depuis 2014 du National Geographic. Ses œuvres ont été exposées et présentées dans divers lieux dont Les Rencontres d’Arles, Visa pour l’Image, Photoville, Lumen Museum, PhEST, Format Festival, The Annenberg Space for Photography, Newseum, East Wing Gallery, The Royal Geographical Society, La bibliothèque publique de New York, etc.

 

https://www.ciriljazbec.com
Instagram: @ciriljazbec

 

Patricia Lanza : En tant que Slovène d’origine, parlez de la façon dont vous avez découvert les coutumes du mardi gras, leur signification et leur histoire ?

Ciril Jazbec : En tant que Slovène d’origine, j’ai été initié très jeune aux coutumes du mardi gras, ou « Pust », à travers les traditions familiales et communautaires. Le sens de Pust, enraciné dans les traditions anciennes, est de chasser l’hiver et d’accueillir le printemps. L’histoire de Pust est riche et remonte à l’époque préchrétienne. Cela a presque disparu en raison de la désapprobation des dirigeants religieux et, plus tard, du régime socialiste, mais il a survécu et reste l’un des événements culturels les plus importants de Slovénie. Les coutumes et les caractères de Pust ont été transmis de génération en génération, préservant ainsi notre patrimoine culturel.

 

Lanza : Comment cette coutume est-elle pratiquée et a-t-elle évolué pour assurer la continuité au sein de la communauté ?

Jazbec : La fête de Pust est célébrée dans toutes les villes de Slovénie, généralement en février ou début mars. C’est une fête qui a lieu 47 jours avant Pâques. Les coutumes sont maintenues grâce à l’implication de la communauté et la transmission des traditions. Par exemple, le Kurentovanje à Ptuj est une célébration renommée qui met en scène des « kurenti », des monstres qui attirent de grandes foules avec leurs cloches et leurs masques. Les détails des célébrations peuvent différer selon les régions, mais l’essence reste la même : annoncer la fin de l’hiver et accueillir le printemps. Les efforts visant à protéger Pust en tant que partie du patrimoine culturel de la Slovénie ont contribué à assurer sa continuité.

 

Jazbec : Comment fonctionne Shrovetide ? 

Lanza : Shrovetide, ou Pust, fonctionne comme une série de festivités qui se terminent par un grand défilé. Le festival présente divers personnages comme les «  » et les « Ugly Ones », chacun jouant un rôle essentiel. Les « Belles personnes » portent chance en visitant les maisons, tandis que les « Laides » sèment la pagaille pour chasser l’hiver. Ces personnages exécutent des rituels, tels que « baptiser » les garçons pour qu’ils deviennent virils à l’aide de chaussettes remplies de cendres. La fête se termine en brûlant une poupée de paille représentant l’hiver, symbolisant sa fin et l’arrivée du printemps.

 

Lanza : Parlez nous de la façon dont le mardi gras est célébré d’un village à l’autre – les similitudes et les différences ?

Jazbec : Le mardi gras est célébré dans toute la Slovénie, mais chaque village a ses variantes uniques. Par exemple, le Kurentovanje à Ptuj est célèbre pour ses monstres kurenti, tandis que Ravenski Pust implique des jeunes hommes habillés en « Laids » saupoudrant les garçons de cendres. Drežnica Pust comprend un procès et une exécution au fusil de chasse avant de brûler Pust. Malgré ces différences régionales, les éléments communs comprennent les défilés, les personnages masqués et l’incendie symbolique de l’hiver. Ces variations peuvent sembler mineures aux yeux des étrangers, mais elles sont importantes pour les locaux, mettant en évidence la riche diversité de la culture slovène.

 

Lanza : Parlez nous de la signification profonde du rituel du mardi gras, du festival Pust et des rites de passage pour les participants ?

Jazbec : La signification profonde du mardi gras et de la fête de Pust réside dans ses rites de passage symboliques et le cycle des saisons. Pour beaucoup, Pust est un rite de passage où les garçons deviennent des hommes grâce à des rituels ludiques mais significatifs impliquant des cendres. Ces coutumes relient la communauté, renforçant les liens sociaux et l’identité culturelle. Le festival marque également la fin de l’hiver et le début du printemps, incarnant le renouveau et la transformation. Les « Belles » et les « Laides » symbolisent la dualité de la vie, célébrant à la fois les aspects clairs et sombres de l’existence.

 

Lanza : Que cherchez-vous à faire avec ce travail photographique et cinématographique et quels sont vos projets actuels ?

Jazbec : À travers mon travail photographique et cinématographique, mon objectif est de capturer l’essence et la beauté du Festival Pust et son importance pour la culture slovène. Je souhaite documenter et partager ces traditions avec un public plus large, pour les préserver pour les générations futures et en soulignant leur importance culturelle. Mes projets actuels se concentrent sur l’exploration de diverses célébrations régionales de Pust, mettant en valeur la diversité et la richesse de ces coutumes. Ce faisant, j’espère favoriser une compréhension et une appréciation plus profondes du patrimoine culturel de la Slovénie.

 

Texte & Interview Patrica Lanza

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