L’identité du soignant est complexe. Il est à la fois objet de fantasme pour le profane et individu anonyme noyé dans la masse des uniformes.
Par ses gestes techniques, il est son métier. Par ses attentions, il est le soignant dont nous nous souvenons.
L’idée de venir en aide aux malades en-dehors du cercle familial est apparue au VIème siècle. D’abord œuvre de charité et de bienfaisance, les établissements de soins se sont transformés au gré des progrès de la science et de la médecine pour devenir au cours du XIXème siècle des établissements de soins médicalisés, ancêtres de nos hôpitaux actuels. Souvent discrets et silencieux mais œuvrant toujours à visage découvert, des individus ont veillé et veillent sur « l’autre ». Devenir soignant est un choix que l’on fait souvent jeune, à un âge où la vie nous montre tous ses visages, les laids et les beaux, ceux qui blessent et ceux qui rendent heureux, ceux qui tuent et ceux qui sauvent.
En cette année 2020, le covid-19 fait vaciller le monde. Sa virulence a fait sortir de l’ombre ceux qui ne cherchaient pas la lumière. Il en a fait des héros que nous applaudissons chaque soir inlassablement, heureux de pouvoir leur dire « MERCI » et surpris, peut-être, de les découvrir.
C’est à eux que ce travail photographique s’adresse pour leur (re)donner le choix de ce qu’ils veulent être : héros, soignants ou anonymes.
Que leurs reflets sans masque et leurs identités puissent résonner dans le silence lorsque les mains auront arrêté de claquer.
Christophe Meireis
