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Chris Marker –Quelle heure est-elle ?

Preview

De 2004 à 2008 et ce avant Passengers, Chris Marker a développé une première fois son idée de reportage photographique dans le souterrain parisien. Quelle heure est-elle ? montre des femmes en noir et blanc dans un métro blême.

Drôle de titre. En bouleversant les règles grammaticales de la langue française, Chris Marker rappelle que la femme est la figure de l’altérité et l’image cinématographique qu’il a le plus utilisé. « Le cinéma et la femme sont restés comme deux notions inséparables, un film sans femme est comme un opéra sans musique », dit-il en 1997. Ici, il n’est pas question de séquences animées mais bien de clichés fixes. Pour autant, Quelle heure est-elle ? ne déroge pas à la règle et livre une série de trente six visages, majoritairement de femmes voyageant dans le métro parisien.

Elles sont jeunes ou âgées, assises ou debout et elles méditent, s’ennuient, s’interrogent ou esclaffent de rire. En voyeur sans velléités, Chris Marker leur vole un instant de leur quotidien, un regard sensible, méfiant ou blafard. Le photographe a cherché, à la manière d’un documentariste objectif, à capter dans ces moments la nature exacte de chacune. Et elles ne le voient pas. Comme imagé dans le titre, Marker débute son expérience en utilisant un appareil digital miniature fixé comme une montre à son poignet. S’il choisit ensuite de troquer son gadget contre des objectifs plus classiques, sa contemplation reste la même, vouée à arrêter le temps.

Ces photographies réveillent l’innocence dont Chris Marker s’est nourri tout au long de sa carrière mais interrogent sur leur accessibilité. Distordues analogiquement, elles affectent, presque mystiquement, la perception visuelle. Ce numérique là permet de pouvoir se cacher et d’observer, toujours de plus près et en toute quiétude tant la présence de l’objectif, dissimulé ou non, est vulgarisé. Marker, dans sa quête de compréhension du monde, semble s’être focalisé sur la technologie. Celle même qu’il observe quotidiennement et qu’il utilise pour livrer ses sensibles impressions sur ce qui nous entoure. Soit elle le trompe, soit il tente de les miner de l’intérieur. Car malgré l’esthétique et la beauté des images, la linéarité dont elles font l’objet laisse une impression d’inachevé. Peut-être manque-t-il simplement les mots habiles des photo-romans qui ont fait de Chris Marker un artiste des plus influents.

Jonas Cuénin

Quelle heure est-elle ? de Chris Marker, exposée en 2009 à la Peter Blum Gallery de New York, fait partie de la grande rétrospective qui lui est consacré cette année à Arles.

Du 4 juillet au 18 septembre 2011 au Palais de l’Archevêché
8 Boulevard Lices
13200 Arles
04 90 43 35 10

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