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CharlElie Couture –Mon New York

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Le grand public Français connaît CharlElie Couture avant tout pour sa musique, mais ses fans les plus avertis savent déjà qu’il était peintre avant d’être musicien et qu’il est diplômé de l’école des beaux-arts de Nancy. Artiste « total » qui cherche a construire une œuvre à l’échelle d’une vie, CharlElie n’est pas seulement compositeur, interprète, peintre, dessinateur, sculpteur, web designer ou poète,. On le retrouve souvent là où on ne l’attend pas. Et, surprise, son art premier, celui qui l’a même introduit à la musique et à la peinture, c’est la photographie. Il sort son deuxième livre de photo sur New York aux Editons du Chêne le 5 octobre.

On peut dire qu’il aura commencé tôt : son premier appareil lui est offert par sa mère à l’âge de sept ans. Il construit vite son propre labo et sa chambre se tapisse de pages arrachées dans le magazine Photo. Il s’invente photographe officiel à 15 ans quand il découvre qu’il peut ainsi rentrer librement dans les festivals de théâtre ou de jazz. Mécontent de ne pas voir ses clichés publiés, il se met à vendre à l’entracte des tirages de photos prises en début de soirée. Il fait même une première expo de photos d’artistes de jazz et reçoit un prix de photographie de la ville de Nancy pour une photo d’enfant saisie sur le vif dans la rue. Les recettes de son premier boulot d’été sont d’ailleurs englouties dans l’achat d’un appareil flambant neuf, volé quelques semaines plus tard sur les routes d’Italie. Il en tiendra longtemps rigueur aux Italiens.

Autodidacte, le jeune CharlElie est pourtant extrêmement intimidé par les photographes professionnels qu’il voit comme des « monstres de technicité ». Au Lycée, il se plonge en cours de physique-chimie dans un long projet de recherche sur l’histoire de la photographie. Lors de ses études aux beaux-arts, il s’essaie déjà à combiner la photographie et la peinture, avec à l’époque, de son propre aveu, peu de succès.

Cette opposition ou complémentarité constante avec la peinture est l’un des aspects particuliers de l’œuvre photographique de CharlElie. Comment juxtaposer les deux arts? Fasciné par Man Ray plutôt que par Cartier-Bresson, c’est la transformation de la réalité à travers l’objectif qui le fascine. Longtemps, CharlElie recopie et repeint le sujet de ses photos au sein de toiles plus abstraites comme des fenêtres sur la réalité. Ce n’est qu’après son immigration à New York en 2004 qu’il décide de coller directement la photographie au sein de la toile ou à l’inverse de peindre directement sur la photographie.

Il crée d’ailleurs un support hybride, baptisé « Photo-graffs » : il ajoute des motifs peints sur des grands tirages photo, essentiellement de New York, qui donnent l’impression de regarder l’image à travers une vitre. Il explique : « Dans mes photo-graffs, la peinture vise à faire reculer le degré de conscience de la photo ».

Comme beaucoup avant lui, il crédite la mégalopole américaine de l’avoir libéré dans sa technique. « New York m’a donné l’envie d’aller plus loin d’un extrême à l’autre, autant dans l’abstraction de la peinture, que dans la précision chirurgicale de la photographie. »

En quittant la France, il laisse derrière lui sa notoriété de musicien. Il évite ainsi les a priori et les qu’en dira-t-on. « New York est une ville dure, mais chacun y a le sentiment d’y être venu pour y accomplir quelque chose et cet enthousiasme parfois désespéré apporte un positivisme systématique qui donne une confiance a toute épreuve » dit-il. « Là où un Français s’interrogerait plutôt sur l’opinion du groupe avant de révéler le fond de sa pensée, les Américains réagissent au premier degré car chacun ressent une grande liberté d’expression individuelle ». Il conclut : « Jamais je n’aurai osé ce travail en France ».

Bien décidé de vivre pleinement l’expérience New Yorkaise, CharlElie a troqué son studio d’artiste pour une galerie ouverte sur la rue d’où il voit défiler « le film de la vie ». De son bureau, il observe et accueille les passants, touristes, ouvriers, comme le ferait un tenancier de bar.

« Je suis fasciné par le quadrillage, cette trame qui définie New York et qui forcément influence l’état d’esprit de sa population. Tout déplacement dans la ville est éminemment efficace et fonctionnel, sans perte de temps ». Ces lignes parallèles et perpendiculaires que l’on retrouve dans ses photos urbaines, CharlElie les décrit comme des « lignes de vie ». Il préfère ainsi représenter New York en capturant les peintures au sol, qui marquent ce souci d’organisation et ce choix d’existence de la ville, plutôt qu’en photographiant des gens qui racontent plutôt des anecdotes.

Après de nombreuses années de succès musicaux, CharlElie bâtit modestement son œuvre photographique. « J’ai la chance d’avoir une vie artistique à deux visages: la musique d’une part, où l’interprétation place l’artiste souvent avant son œuvre, la peinture et la photographie de l’autre, où l’artiste reste en retrait et compte souvent beaucoup moins que son œuvre ». Il cite son ami peintre Richard Texier qui lui dit un jour avec une certaine envie: « En tant que musicien, tu connais ce que nous peintres n’avons jamais vécu : les applaudissements ».

Interrogé sur l’impact du numérique, CharlElie est bien placé pour savoir, par son expérience musicale, qu’internet est à la fois un formidable outil de transmission mais aussi un danger extrême pour les droits des créateurs. Pourtant, il défend avec passion l’utilisation du digital dans la photo : « Ce n’est jamais la technique qui fait la photographie. Un bon photographe d’aujourd’hui utilise le matériel d’aujourd’hui pour raconter des images d’aujourd’hui ».

D’ailleurs, il attribue au numérique l’envolée des prix de tirages originaux ces dernières années : « Face au déferlement du numérique, les gens n’achètent plus le fond, le sujet de la photo, il tendent plutôt à acheter la forme, c’est a dire la qualité et la taille d’un tirage, la sensualité de l’objet lui-même et l’exclusivité du nombre de reproductions ». D’une certaine façon, le numérique aura contribué à élever le statut de la photographie dans le marché de l’art.

Alors, CharlElie, photographe ? Finalement, il conclut avec pudeur: « Je me place plus comme un artiste utilisant la photographie qu’un vrai photographe du réel ».

Inteview par Philippe Guelton

Publications

New York By CharlElie (Editions du Chêne, 2009)
New York Be CharlElie, Editions du Chêne, le 5 octobre 2011

Expositions

CharlElie

Galerie W, Rue Lepic à Paris du 7 octobre au 6 Novembre 2011
Chic Art Fair à Paris, du 21 au 24 Octobre 2011
Gallerie Naclil, 67 Rue St André à Lille du 20 Octobre au 3 Decembre 2011
Galerie CharlElie 362 West 36th Street, New York

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