Du sable dans ma Camera – Les mondes perdus, en Image
Il m’a fallu attendre l’âge de 33 ans, en 1969, pour vraiment connaître les fleuves Nil, Tigre, Euphrate, Oronte et Jourdain. Les mondes de la Mer Morte, la Mediterranée, La Mer Egée ou même les villes du Caire, Damas, Amman, Jerusalem, Beyrouth. Sanaa, Istanbul ou Baghdad, ou les empires égyptien, sumerien, babylonien, hittite, perse, romain ou arabe (fatimide, mamelouk et ottoman) m’étaient complètement étrangers.
J’ai grandi dans les grandes prairies du Nord Est du Colorado, et je n’avais jamais entendu parler de ces endroits éxotiques – ormis par le biais de quelques photos dans un livre d’histoire au collège. Les eaux légendaires, les villes et civilisations historiques, les paysages variés, furent pour moi une vraie révèlation. Ils étaient les témoins de ces grandes civilisations qui m’ont passionnées pendant les décennies qui suivirent. Ma vie en fut transformée.
C’est ainsi que ma quête commença. Je recherchais les minarets, les mirhabs et cours interieures erigés pendant les empires fatimide, mamelouk et ottoman. Très vite je m’intéressais aussi aux civilisations anciennes, leurs temples, tombes, sculptures, bas-reliefs, peintures – histoires éternelles gravées dans la pierre, l’argile, le verre, le bois, les oxides, enthousiasmée de rencontrer les descendants de ces architectes et artisans qui les avaient créés. Toute cette quête, pour la photographie, le but ultime de ma vie.
Les ruines sont tout ce qui reste de la présence de ces mondes perdus – des monuments de civilisations millénaires. Malheureusement, ces trésors tels que Palmyre, Bosra et Apamée en Syrie ont détruit pour toujours par des terroristes.
Pour moi, l’importance de la photographie, c’est qu’elle documente le temps qui passe. La beauté de la photographie c’est que lorsqu’on la regarde, on est projeté dans le quotidien de ces hommes qui ont vécu il y a des milliers d’années – comment ils pratiquaient leurs religions, comment ils travaillaient, comment ils voyageait, vivaient et aimaient.
Ces gens qui défilaient devant mon objectif et dont je faisais le portrait, sont encore aujourd’hui, tels qu’ils étaient hier quand je declenchais l’obturateur de mon appareil. Ces expériences sont devenues des souvenirs qui resteront gravés dans mon coeur pour toujours. Ils sont une part intégrante de qui je suis aujourd’hui.
Carolyn Brown