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Bruxelles : Paolo Pellizzari à la Young Gallery

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La réalité est plus importante que l’imagination pour Paolo Pellizzari. Il parcourt le monde à l’affut de ces détails qui troublent les situations anodines, peut-être juste pour ajouter à sa vie ce moment que lui seul a capté. C’est sa manière d’être face au monde, curieux et gourmand, et son état d’esprit qu’il livre à travers ses séries surprenantes de tendresse amusée. 70 photos, encadrées de bois noir, discret clin d’œil aux négatifs photo.

Tu as commencé ta carrière de photographe par le format panoramique. 
Qu’est-ce qui te plaisait tant dans ce format ?
J’ai commencé tard et j’étais inspiré par le grand format mais je trouvais que la chambre ne me permettait pas d’avoir suffisamment d’agilité. J’ai donc opté pour le panoramique. 


Paysages, événements sportifs, le Métro parisien, tu as parcouru le monde entier. Quelle est ta recherche, ta démarche ?
Rapidement, j’ai regardé le monde comme un grand barnum, ou, mieux encore, comme une scène d’opéra, un décor de figurants, une diva, des notes, de la musique, des histoires à raconter. Les évènements, les foules, « les paysages humains » sont au centre de ma photographie.

« Affinity » : comment as-tu organisé tes séries ?
La réalité d’une image est faite principalement de deux choses : le sujet qui est photographié et l’état d’esprit avec lequel une photographie est prise. Si nous nous focalisons sur l’état d’esprit du photographe, des images dont les sujets n’ont rien à voir entre eux disent parfois la même chose, font passer des émotions très similaires.

« Affinity » : une double affinité entre le spectateur et le photographe, dis-tu. Qu’attends-tu du spectateur ? Doit-il faire l’effort de se raconter une histoire, ou se laisser emporter ?
Je souhaite être compris et partager avec le spectateur. Je souhaite lui apporter du savoir- faire sans que cela ne pèse, mais qu’au contraire cela éclaircisse le rapport qui se crée, que cela provoque de la surprise et que le plaisir de partager une image devienne universel. C’est de la photographie, que j’aimerais, populaire.

Quelle place occupes-tu face à tes sujets ? Comment ressens-tu ce geste du photographe, si proche, dans la scène ?
Photographier des foules n’est pas toujours simple. Heureusement, je crois réussir à prendre des images en étant très proche d’un inconnu sans la moindre violence, car je partage avec lui ce qu’il ressent même si comme photographe je vis ce moment en étant « backstage ». Par contre, je serais incapable d’être un photographe de guerre.

On pense à l’humour de Martin Parr dans certaines de tes photos, le mouvement en plus, avec cette fascination du détail décalé. Qu’est-ce qui t’excite le plus ? Chercher, shooter ou découvrir ce que tu n’avais pas vu ?
Un jour, un photographe dont je ne me souviens plus le nom a dit : «Ce qui me fascine c’est que ma meilleure image je ne l’ai pas encore prise ». Si je continue c’est que je crois que la réalité va toujours me procurer des surprises et que les meilleures images sont encore à venir. J’aime ne pas avoir d’agenda et rester ouvert à tout ce qui peut arriver.



Dirais-tu qu’il y a une dimension ‘populaire’ dans ton travail artistique ?
Je l’espère ! Si je devais comparer la photographie à la musique, j’aimerais être plus proche des Beatles que d’un compositeur de musique contemporaine doué, mais compris seulement par quelques-uns.

Retravailles-tu tes photos ensuite ?  Recadrage, retouches chromatiques ?
Très peu, je pense ne pas avoir recadré plus de dix images depuis que j’ai commencé la photographie. Sur « Affinity »  par exemple j’ai vérifié, aucune image n’a été recadrée. Pour la couleur c’est toujours léger, je la retravaille s’il faut se rapprocher de la situation de lumière que j’avais lors de la prise de vue.



Que penses-tu de la prolifération des images actuellement ?
C’est un long discours. Si je ne devais garder qu’une remarque sur la quantité d’images faites et diffusées, je pense que c’est une bonne chose que beaucoup d’images soient prises. La photo se rapproche de l’écriture, mais attention il faut maintenant à avoir de bons auteurs, à ne pas tomber dans la vulgarité, à savoir écrire avec talent. Ce n’est pas parce qu’on sait lire et écrire qu’on sera un grand écrivain.

Quelle est la finalité d’une photo pour toi ? Expo, livre, vente, web, reconnaissance par ses pairs ?
Prendre une photo est un geste unique, ce moment disparaît si on ne le fait pas. C’est une combinaison d’une multitude de choix, c’est la liberté à l’état pur. Mais une photo n’a de valeur, au-delà de l’exercice « zen » de la faire, que si elle est montrée.  Savoir comment la partager pour la faire comprendre fait partie des choix du photographe aussi.  On ne sert pas du potage dans une assiette à dessert.

Quelles sont tes sources d’inspiration – littéraires, artistiques, humaines, de vie ?
Très difficile, l’inspiration nécessite de l’optimisme et de la curiosité, l’envie de faire, l’envie de progresser aussi.

TA référence photo ?
Le travail des autres m’intéresse, je vis par procuration grâce à eux. Ce sont des images uniques, intelligentes qui m’inspirent. Par exemple Andréas Gursky pour les icônes qu’il crée, Gueorgui Pinkhassov pour la maitrise de la lumière. Anders Petersen pour son implication dans ces sujets, Sarah Moon pour la poésie,

Tu es conférencier de photo à La Cambre et à la ICP de New-York.
 Qu’est-ce qui fait un bon photographe ?
Je pense qu’être un bon photographe c’est comme être un bon écrivain, un bon compositeur, un bon réalisateur de films, un bon architecte, Grace à ce qu’ils sont, grâce à leur écriture, ils communiquent aux autres des histoires et des émotions qui les font sortir du lot.

http://www.pellizzari.net

EXPOSITION
« Affinity »

Paolo Pellizzari
Young Gallery
Du 08 mai au 06 juin 2015
Avenue Louise 75B,
1050 Bruxelles
Belgique
http://www.younggalleryphoto.com

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