Rechercher un article

Bon appétit ! Festin de ventes de photographies en mars à Paris

Preview

Après l’hiver, où le commerce des tirages photographiques anciens et modernes semble en hibernation, où, en France, l’activité des chineurs, marchands et cimaises dévoués aux épreuves XIXe et XXe paraît stagner, les collectionneurs chevronnés et les acheteurs intéressés envisagent l’arrivée du printemps et des ventes publiques du mois de mars avec un mélange d’espoir, d’agitation et d’incertitude. Celles-ci annoncent souvent la reprise ou non d’un marché qui a du mal à se renouveler, tant les nouvelles générations se trouvent guidées vers les œuvres contemporaines ou les tirages couleur fraichement imprimés et bon marché.

Ce mois de mars 2015 est particulièrement alléchant, puisque troi ventes se sont ajoutées au menu des réjouissances saisonnières habituelles, dont la dispersion de deux importantes collections privées.

Après les amuse-bouches (ventes Chayette et Cheval le 5 mars, et Millon & Associé Photographies pour tous le 10 mars), c’est la maison Lucien Paris qui propose l’entrée : une vente de 93 lots de 2 500 photographies du XIXe et du XXe siècle, parmi lesquels quelques truffes savoureuses à déterrer. Un ensemble de daguerréotypes, des tirages d’auteurs connus et anonymes, des portraits d’artiste, des photos de cinéma — dont deux lots sur l’expressionisme allemand —, de nombreuses photographies sur la Russie, et un groupe d’une centaine de dessins et de documents provenant du cabinet d’architecte de Raymond Loewy (1893-1986), chargé du projet Skylab, seront adjugés au plus offrant le 12 mars à Nogent-sur-Marne.

Pierre Bergé & Associés fourni le plat de résistance : la collection particulière des énigmatiques M. et Mme X, constituée sur 35 ans d’acquisitions. Le mystère autour de l’identité des propriétaires de ce bel ensemble s’est vite dissipé. La rédaction des fiches (en l’absence d’expert) a suffi à lever le voile. Le clou de la vente mène directement au collectionneur : un daguerréotype qui aurait été réalisée en 1837 (deux ans avant que ce procédé ne soit dévoilé) par Daguerre lui-même, fait couler de l’encre en 1998, lorsque le propriétaire le présente au monde entier. Monsieur X avait alors confié à un quotidien que sa découverte n’avait pas de prix et qu’il s’agissait d’un « patrimoine national ». Il n’y a pas d’estimation publiée dans le catalogue. Elle serait de 600 000 à 800 000 euros, selon une source, un prix dissuasif pour toute tentative de préemption par les musées de l’État.

A l’époque où ils se sont séparés d’une partie de leur collection, M. et Mme André Jammes n’avaient pas hésité à mettre leur nom sur la vente, obtenant ainsi des records jamais atteints sur le marché du tirage ancien. On tentera de comprendre pourquoi l’auteur de ce catalogue de 341 lots (1 500 tirages), représentant une large palette de styles et de procédés, et qui se feuillette comme une histoire de la photographie, n’en signe pas la provenance. Le pari de mettre autant de tirages en vente dans une seule vacation, et à des estimations au sommet du marché, est risqué. Mais il y a de quoi régaler une petite armée de collectionneurs et un bivouac de marchands étrangers. Viendront-ils à bout de ce festin photographique ? Réponse le 19 mars à l’Hôtel Drouot.

Enfin, le dessert : Après le succès de Persistance rétinienne en 2011, Pierre-Marc Richard crée une nouvelle recette : Pertinence rétinienne. Les 299 lots d’images extrêmes, dérangeantes, qui ont interpellé le regard de l’expert pendant ses 40 ans de Chine, seront dispersés sous le marteau de Beaussant-Lefèvre à Drouot, le 25 mars. Avec Philippe Jacquier (galerie Lumière des Roses) comme expert extérieur, Pierre-Marc Richard a établi des prix d’apparence raisonnables. Ensemble, ils ont concocté un catalogue atypique et amusant, où les images se succèdent les unes aux autres à travers des associations formelles ou thématiques, dans une conversation visuelle. Les époques se mélangent et l’œil du collectionneur se révèle à travers ses choix singuliers, en marge des cheminements oculaires classiques. Sur la couverture apparaît une épreuve de tête réduite (lot 33). Serait-ce une allégorie pour qualifier le marché du tirage ancien, qui, ayant abandonné certains excès, invite de nouveau les promeneurs?

Christophe Lunn

VENTES AUX ENCHERES
Photographies des XIXe et XXe siècles

Lucien Paris
17, rue du Port
94130 Nogent-sur-Marne

Vente : Jeudi 12 mars 2015, à 14 h
www.lucienparis.com

Collection de M. et Mme X
Pierre Bergé & associés
Drouot-Richelieu (Salles 5 et 6)
9, rue Drouot
75009 Paris

Vente : Jeudi 19 mars 2015, à 14 h
www.pba-auctions.com

Collection Pierre-Marc Richard / Pertinence rétinienne
(Expert : Philippe Jacquier)
Beaussant-Lefèvre
Drouot-Richelieu (Salle 2)
9, rue Drouot
75009 Paris

Vente : Mercredi 25 mars 2015, à 13 h 30
www.beaussant-lefevre.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android