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Beth Moon : nature, arbres géants et nuits de diamant

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Ariete artecontemporanea, à Bologne en Italie, présente dans sa galerie une exposition solo de la photographe américaine Beth Moon. Dans sa série The Kingdom Come (Le Royaume arrive), elle capte l’étrange équilibre entre l’innocence de l’enfance et certaines ombres de la nature, dévoilant l’attention magique et instinctive qu’elle porte au temps, à la réminiscence et la nature (thèmes fondamentaux de ses photos), qui permet de mieux comprendre la place des êtres humains dans l’univers. On trouve également des photos de ses séries Diamond Nights (Nuits de diamant) et Olive trees (Oliviers) (qui montrent des oliviers italiens ancestraux dans des cieux nocturnes, récemment présentée au MUSE – Museum des sciences de Trente, aux côtés d’œuvres graphiques de l’artiste italienne Federica Galli).

Beth Moon raconte les histoires d’arbres centenaires qu’elle cherche à photographier comme des monuments de verdure, quête qui l’a menée à travers les cinq continents. L’Œil de la Photographie l’a interrogée sur quelques détails de son œuvre.

 

Comment choisissez-vous vos sujets ? 

Mes critères pour choisir « mes » arbres sont les suivants : ils doivent être très âgés, immenses et avec une histoire notable. J’utilise de nombreuses méthodes pour sélectionner les lieux : ouvrages d’histoire et de botanique, registres arboricoles, articles de journaux, informations recueillies auprès de voyageurs.

Combien de kilomètres avez-vous parcourus pour photographier ces arbres géants ?

J’ai cessé de compter il y a longtemps ! Même si j’ai voyagé dans différentes parties de l’Europe, d’Asie, du Moyen Orient, d’Afrique et des Etats-Unis, j’ai l’impression d’avoir à peine égratigné la surface. Il y a beaucoup d’autres endroits où j’aimerais aller.

Pourquoi considérez-vous ces arbres comme des sortes de symboles ?

Il existe de nombreuses façons de regarder les arbres. Personnellement, j’ai toujours été intéressée par l’aspect temporel. Je suis étonnée de savoir que beaucoup de ces arbres ont survécu pendant des milliers d’années, qu’ils peuvent endurer et s’adapter même dans des conditions extrêmes. Certains arbres anciens se creusent avec l’âge, comme une technique de survie. L’arbre envoie une racine aérienne au centre de son tronc, qui va continuer à pousser de l’intérieur. C’est une force de vie formidable, qui n’est que l’un des aspects qui m’inspirent.

Que pouvez-vous dire du lien entre le grand âge des arbres et la longévité du tirage platine ?

Je choisis de faire mes tirages en utilisant un procédé qui date du 19ème siècle, pour la large gamme de tons délicats qu’il permet d’obtenir, mais aussi pour sa longévité. Un tirage platine peut durer des siècles, ce qui crée un lien entre mon sujet et le procédé que j’utilise.

A propos de Diamond Nights (œuvre qui marque la transition dans votre œuvre entre la pellicule et le numérique, le noir et blanc et la couleur), comment gérez-vous le temps d’exposition et ce que peut discerner l’œil humain ?

Le temps d’exposition brouille en effet les frontières entre le visible et l’invisible. Il y a une zone d’entre-deux où la splendeur surgit, où deux réalités différentes se mêlent et se troublent. Si la magie réside quelque part, c’est là.

Comment faites-vous le lien entre vos deux séries, Diamond Nights et The Kingdom Come ? 

Tout mon travail tourne autour de notre monde naturel et de la relation que l’homme entretient avec lui. Pour parler grossièrement, les éléments de base sont l’homme, l’animal et la terre : mes deux séries s’entremêlent donc sur ce point. Elles naissent de la même curiosité et du même respect. Ce portfolio se focalise sur des croyances qui sont comme des totems, et sur des pratiques qui mettent l’homme et l’animal en connexion, dans un monde crépusculaire où tout semble lié. L’idée d’atteindre l’esprit de l’animal était au cœur de la religion eurasienne ancestrale, et c’est un souvenir qui sommeille encore dans notre culture contemporaine.

En quoi vos études d’art ont-elles influencé vos photos ? 

J’ai étudié les beaux arts à l’université, même s’ils ne proposaient pas de cours de photo à l’époque. Les cours de peinture, de dessins d’après nature, de sculpture et de design m’ont permis de comprendre de nombreuses bases, et ont installé les fondements de mon travail de photographe, que je n’ai débuté que plusieurs années après. La caméra m’est apparue comme un outil, à l’image d’un pinceau ou d’un crayon.

 

Paola Sammartano

Paola Sammartano est journaliste spécialisée dans les arts et la photo, basée à Milan, en Italie.

 

Beth Moon, Diamond Nights / The Kingdom come
Du 30 septembre au 9 novembre 2017
L’ARIETE artecontemporanea
Via d’azeglio 42
40 123 Bologne
Italie

www.galleriaariete.it

 

 

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