Si l’œuvre de Bernard Plossu peut être perçue comme celle d’un « photographe voyageur », c’est en vain que l’on y chercherait quelque trace d’exotisme, le souci de magnifier un lieu. A rebours de toute théorie esthétique, Bernard Plossu photographie depuis plus d’un demi-siècle dans une urgence qui témoigne de son amour pour la vie, sa passion à tout voir, tout traverser, capable d’extraire d’une ville ou d’un quartier ce qui en constitue l’essence.
De l’Europe aux Etats-Unis, à l’Afrique, Bernard Plossu convie à une approche nerveuse, un lyrisme de l’instant, des entrevisions alternant avec des photographies plus composées qui sont autant de pauses. Sans hiérarchie de sujets, privilégiant l’appareil photographique bon marché et l’objectif 50mm proche de l’œil humain, ses photographies sont plus que des « carnets de route »: s’imposant à lui dans leur furtivité, elles sont les télégrammes d’un quotidien transcendé, des instants poétiques plutôt que décisifs.