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Bela Doka : Studio Panindigan ( 2013 )

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En tagalog, dialecte philippin, « panindigan » signifie « certifier, dire qu’une chose est vraie ». Le terme dit l’identité des habitants de ce petit village de pêcheurs de l’île de Palawan, aux Philippines, qui mènent une vie simple, sans richesse matérielle, occupée à répondre à leurs besoins premiers. Ceux qui ont accepté de se faire photographier dans le studio de fortune de Bela Doka irradient pourtant d’une élégance et d’une fierté dignes de celles d’un roi ou d’une reine.

On compte de fait parmi les personnes photographiées Tina Pinon, fille du fondateur de cette petite île qui borde la côte de Palawan, zone la plus à l’ouest des Philippines. Amelio Dagsallo a été le premier à débarquer sur son bateau traditionnel, sans moteur, en 1953. Il a commencé à cultiver la terre à partir de 1954. Le moyen de subsistance principal des habitants de cette île reste toutefois la pêche de petits poissons qu’ils mangent et vendent.

Bela a découvert ce petit village lors de son premier voyage aux Philippines en 2012. Il a pris plaisir à y séjourner, simplement, au milieu de ce peuple agréable, généreux et fort.

Il n’avait pas envisagé de prendre des photos dans cette île isolée. Le projet est né naturellement au cours de son séjour, comme il appréciait la compagnie des locaux. Il a d’abord installé un décor dans un terrain voisin de celui de la famille chez qui il vivait, avec des matériaux trouvés ça et là. Cette famille est également devenue la première à poser, devant le fond tissé en noix de coco. Le style des portraits rappelle presque celui des Frères Lumière, comme par un retour dans le temps, à une époque où tout était plus simple.

Bela a pris des photos argentiques, au moyen de deux appareils, l’un avec un objectif grand angle, l’autre permettant de faire des portraits traditionnels. Il a utilisé la méthode basique du portrait, en n’ayant recours qu’à la lumière naturelle – il ne pouvait donc photographier que pendant une heure le matin et pendant une heure en fin d’après-midi, quand le coucher de soleil n’était pas trop éblouissant et torride. Cette méthode alliée aux sujets et à l’atmosphère qui règne sur l’île donne un effet nouveau, frais, créant des scènes et des images qui sont comme la rencontre entre des arrêts sur image et des personnages de Wes Anderson et Quentin Tarantino.

Ces portraits simples saisissent tout l’esprit de l’île et du village, par la présence des éléments qui les caractérisent : les magnifiques masses de filets de pêche emmêlés qui oscillent et tombent comme les tresses épaisses d’une chevelure féminine majestueuse, les petits poissons séchés entassées dans une corbeille tressée, les coqs, leurs amis adorés, autre moyen de subsistance qu’ils entraînent pour les combats du Dimanche, et leurs outils. Il y a même les bidons apportés par le vendeur de bonbons, qui font la joie des enfants de l’île.

Ce qui ressort le plus clairement, c’est la fierté, la dignité d’un peuple fort, travailleur. Elles brillent dans leurs yeux, et leur sourire, quand il est là, plus encore que le soleil cuisant, éclaire tout leur monde. Ils travaillent dur pour nourrir leurs familles, mais sans se prendre au sérieux, heureux de pouvoir plaisanter, prendre la pose, sourire…

En plus des plans pris avec les deux appareils argentiques, Bela a pris un troisième plan, en numérique, demandant à chacune des personnes photographiées d’écrire son nom dans le sable. Espérons que ce Cinéma Paradiso ne sera pas trop vite effacé par les vagues, comme les noms disparus dans l’écume de la Mer de Sulu…

Le projecteur continue de tourner…

http://www.beladoka.com

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