Il n’y a pas de photographie sans lumière. Mais la lumière s’est faite attendre pour l’inauguration de la onzième édition du BA PHOTO.
En effet, une coupure d’électricité de 48 heures a plongé dans l’obscurité le quartier chic de Buenos Aires, Recoleta, obligeant les organisateurs à faire glisser la date du vernissage du mercredi au jeudi soir.
Il en fallait bien davantage pour décourager les organisateurs de la foire de photographie de Buenos Aires.
Équipés d’un générateur et de lampes écologiques donnant une jolie atmosphère, « fiat lux » ! Le coup d’envoi de BA PHOTO a bien pu être donné à 19 heures au Centre Culturel de la Recoleta sous les applaudissements des invités et le soulagement des organisateurs.
Dans le dédale de couloirs et salles du Centre, un ancien couvent appartenu aux franciscains, devenu un des haut-lieux de l’art dans la capitale du Tango, les invités et les collectionneurs se bousculent pour admirer et choisir des images très diversifiées : beaucoup d’impressions digitales, des installations, des vidéos mais aussi des bon vieux daguerréotypes et des tirages argentiques.
Les visiteurs ont pu apprécier que le trait distinctif de BA PHOTO de cette année était bien la cohabitation des tendances contemporaines avec la photographie moderne.
Le très jeune et sympathique directeur artistique, Francisco Medail, a voulu justement donner une vision intégrale et ouverte de la photographie argentine et latino-américaine.
Le passé, avec la « wunderkammer » et ses daguerréotypes argentins de 1852, le présent, à travers des artistes confirmés représentés par plus de 20 galeries. Enfin, le futur avec la section « fuera de foco » (flou) qui présentait cinq galeries exhibant des jeunes découvertes. Les deux salles, wunderkammer et fuera de foco, flirtant côte à côte.
Sous les mêmes voûtes du couvent, étaient accrochés les tirages vintage de George Friedman, d’Annemarie Friedrich et Anatole Saderman, représentant une partie féconde de l’histoire de la photographie argentine.
Dans un programme riche en propositions, il y avait aussi une section de livres de photographie et une grande salle avec les nominés du concours Buenos Aires Photo qui a décerné la palme à la photographe Alessandra Sanguinetti de Magnum.
Une partie du programme a été aussi consacrée aux rencontres et aux conférences. J’ai pu assister à la présentation du photographe brésilien Joaquim Paiva qui nous a délectés avec ses images « humanisantes » de la ville de Brasilia. Son livre, « photos instantanées, souvenirs de Brasilia », fournit une représentation chaleureuse d’une jeune capitale qui a toujours été illustrée, à tort, sous l’angle froid de son architecture futuriste.
C’est sous le signe de la diversité et de la cohérence, que BA PHOTO a construit une belle réussite donc. En témoigne, la présence du public qui patientait sagement devant les guichets et le nombre de personnes qui se bousculaient pour prendre des photos des œuvres.
Il faut dire aussi que ce mois-ci, Buenos Aires était un peu la capitale continentale de la photo, suscitant un certain engouement auprès des « portègnes » (ainsi sont connus ses habitants), et des visiteurs qui sont arrivés d’autres pays. Dans les salles d’exposition, on entendait aussi le portugais et l’anglais.
La semaine passée, a été inaugurée la FOLA, la Photothèque Latino-américaine, un nouvel espace consacré à l’image. Pour son ouverture, des portraits de Frida Kahlo réalisés par le photographe colombien Leo Matiz sont exhibés.
La photographie est à l’honneur aussi au Centre Culturel Kirchner, nouveau mastodonte de 100 milles mètres carrés, dans le panorama culturel de Buenos Aires. Dans cette sorte de Beaubourg argentin, plus de 60 photographes d’Amérique latine, parmi eux des monstres sacrés tels que Graciela Iturbide et Miguel Rio Branco, nous livrent un superbe panorama de la photographie régionale. Le titre de l’exposition : « aqui nos vemos ».
Pour compléter le tout, samedi 17 était le « gallery day », une sorte de « porte ouvertes » des galeries, qui s’est tenu dans les quartiers de Palermo et de Villa Crespo.
En conclusion, BA PHOTO 2015 et toute l’effervescence photographique qu’on respirait autour, nous a transmis le sentiment de participer à une grande fête de l’image.
Site web : http://www.buenosairesphoto.com
