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Paris : Arnaud Claass, photographies

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Michèle Chomette présente dans sa galerie, jusqu’au 4 juin prochain, une exposition consacrée à l’œuvre photographique de l’artiste français Arnaud Claass, qui pour présenter ses travaux écrit :

Je photographie pour saisir les irrégularités de la vie quotidienne et les résonances que leur perception suscite en nous. La circonstance singulière et l’inattendu sont mes domaines de prédilection. Tel que je le pratique, l’acte d’enregistrement, rapide ou prémédité, est aussi littéral que possible. Mes photographies se veulent d’un abord facile.

Pour des raisons qui semblent insondables, à tout moment où notre regard est soudainement attiré par une situation, nous avons l’impression qu’elle s’adresse à nous.

Ce phénomène projectif agit en chacun selon ses modalités propres. Je ne fais que traduire mes propres réactions en un langage tel que ces expériences ne restent pas purement privées. Mes images cherchent à transmettre cette richesse de notre rencontre avec les apparences, en explorant la densité du signe photographique. Elles sont à la fois des constats et des énoncés sur la vie du regard : comme toutes les photographies directes, elles attestent quelque chose depuis un point de vue dans le temps et dans l’espace, mais elles témoignent tout autant du point de vue lui-même.

Lorsque la photographie est le fruit d’un regard tenu à l’écart de toute préconception intellectuelle, de toute volonté démonstrative, de tout symbole consciemment programmé, de toute mise en scène autre que celle du cadrage, elle prolonge une manière d’être au monde. En général, en photographie comme dans les autres disciplines, le sens me paraît plus riche lorsqu’il échappe à la volonté de maîtrise et reste en suspens. Il suffit d’observer la manière dont les choses occupent l’espace, en se tenant tranquillement devant leur immobilité, ou en se laissant emporter par leur apparition fugace.

Plutôt que comme un « artiste utilisant la photographie » (expression qui m’a toujours laissé perplexe) je me vois plutôt comme un photographe utilisant l’art : l’objet de ma plus grande passion est la richesse de l’histoire de la photographie passée et présente, mais l’intérêt que je voue également aux autres disciplines m’aide à comprendre la nature du médium, comme l’illustrent mes livres à caractère théorique.

Dans la continuité d’un exercice de ce genre, la photographie permet d’entrevoir des récits perpétuellement lacunaires, qui s’amorcent et se dérobent sans cesse.
De ce point de vue, même si elle doit répondre aux exigences plastiques les plus rigoureuses, elle me semble plus proche de l’écriture que des autres arts. Une telle interrogation des qualités du regard au fil des jours ne se résout pas forcément en autobiographie. Les images ne racontent pas toujours l’histoire de celui ou celle qui les fait. Mais elles ne lui sont jamais étrangères, elles en offrent une diffraction. Dans les oeuvres de la plupart des photographes que j’admire, on peut voir, ou à tout le moins deviner, comment ils vivent.

Depuis mes débuts, j’ai toujours produit en grandes quantités, pour ne garder que dix à douze photographies par an, celles qui me semblaient dotées de la plus grande force
individuelle. Ce souci marque toujours mon activité. Il reste commandé par un état d’esprit cardinal : la disponibilité à ce qui advient. Pourtant je me suis dit voici quelques années que mes images pourraient entrer en plus grand nombre dans des jeux collectifs. Pour composer mes collages, j’observe la façon dont elles peuvent se coaliser à distance, en des sortes de brefs poèmes en prose. Ces derniers peuvent se tramer dans une unité de sujets évidente, ou dans la diversité ménagée par les flux de conscience. De format très réduit, les photographies s’offrent à la « lecture », séparées par des espaces vides ou en groupes serrés. Elles participent, pour ainsi dire en creux, à la formation d’une seule image mentale.

J’ai aussi rapidement ressenti la nécessité d’intégrer à ces unités composites des éléments exogènes, fragments de journaux et autres matériels imprimés. Cela répond à mon désir de laisser flotter librement les signes, en créant des dialogues entre mes images et des images rapportées, entre photographie et mot, entre la finesse et la pauvreté des matériaux, entre le précis et le vague. Ces entités pourraient être autant de pages pour le rêve d’un livre sans fin.

EXPOSITION
Arnaud Claass
Photographies
Du 6 avril au 4 juin 2016
Dialogue Marc Donnadieu et Arnaud Claass le 20 mai de 18h à 20h
Galerie Michèle Chomette
24, rue Beaubourg
75004 Paris
France
http://www.arnaudclaass.com

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