Pendant 35 ans Robert Pujade dirigera les conférences et les débats lors des festivals. Il s’attache ici à raconter la naissance de la critique photographique française à travers Michel Nuridsany, Hervé Guibert et Christian Caujolle.
Lorsqu’en 1980, le directeur des Rencontres Internationales de la Photographie me demanda d’assurer les débats quotidiens entre les photographes invités et le public du festival, je ne me doutais pas que cette aventure durerait 35 ans, ni qu’elle déciderait de mon avenir d’écrivain et de chercheur. Au fil des ans, j’ai préparé des photographes parmi les plus célèbres de la planète à supporter cette épreuve d’une confrontation avec un public pas toujours commode dont je tentais d’apaiser les réactions parfois contrastées. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré dès le début de mon activité, Christian Caujolle et Hervé Guibert, respectivement critiques à Libération et au Monde. J’étais fasciné par leur apparente facilité à écrire au quotidien des textes pertinents à propos des photographes ; par opposition à ma lenteur de chercheur universitaire. Je voulais comprendre comment ils trouvaient leurs sources d’inspiration et quels étaient leurs ressources documentaires. Je dois à Christian Caujolle de m’avoir consacré beaucoup de son temps pour aborder ces questions avec moi et permis d’accéder aux archives des journaux. Il s’en est suivi une thèse de doctorat de plus de mille pages, La Naissance de la critique photographique en France entre 1970 et 1985.