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Arles 2021 : Prix Découverte Louis Roederer – Seconde Partie

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Depuis leur création, les Rencontres d’Arles défendent la photographie et l’ensemble de ses acteurs : photographes, artistes, commissaires d’exposition, éditeur·rice·s… C’est dans cette volonté que les Rencontres d’Arles associent le Prix Découverte Louis Roederer à tous les lieux d’expositions. En effet, par leur travail de défricheur, les galeries, les centres d’arts, les espaces associatifs, les lieux indépendants et les institutions sont souvent les premiers à accompagner les artistes émergent·e·s. Les onze projets retenus seront exposés lors de la prochaine édition des Rencontres d’Arles. Pendant la semaine d’ouverture, un jury décernera le Prix Découverte Louis Roederer qui récompense un·e artiste et la structure porteuse du projet à travers une acquisition d’un montant de 15 000 euros et le public décernera le Prix du Public à travers une acquisition d’un montant de 5 000 euros.

Le Prix Découverte Louis Roederer évolue et joue l’ouverture en incluant, en plus des galeries, tous les lieux d’exposition dans son processus de sélection. Cette année, les 11 projets retenus sont considérés comme une seule et même exposition, pensée, de la sélection à l’accrochage, par une commissaire, Sonia Voss. C’est dans un lieu emblématique du festival, l’église des Frères-Prêcheurs, qu’elle et la scénographe Amanda Antunes vont mettre en valeur la scène émergente, de manière innovante et éco-responsible.

www.louis-roederer.com

 

LES ONZE PROJETS SÉLECTIONNÉS – Seconde partie

TARRAH KRAJNAK

AS-IS.LA GALLERY, LOS ANGELES, ÉTATS-UNIS

Née en 1979 à Lima, Pérou. Vit et travaille à Los Angeles, États-Unis.

LES MAÎTRES ET LEURS RITUELS II : LES NUS DE WESTON

Le travail de Tarrah Krajnak se réfère étroitement à l’histoire de la photographie d’une part et à l’identité féminine et latino-américaine de l’autre. Dans la lignée de son premier hommage critique à Ansel Adams, elle propose ici un deuxième volet, consacré à un autre « maître » nord- américain, Edward Weston, dont elle reconstitue les fameux Nus. Elle y prend la place des modèles Bertha Wardell et Charis Wilson. Tout en reproduisant les poses de ces dernières, elle se met en scène comme auteure des photographies, déclencheur à distance en main. Rétablissant à l’image ce que Weston a laissé hors champ – ou mettant en évidence les choix de cadrage – d’exclusion – de Weston, Krajnak rejoue un chapitre significatif de l’histoire de la photographie en la recentrant sur le role du modèle féminin. Par son acte performatif et photographique, Krajnak affirme son identité latino-américaine et son corps de couleur et établit par sa présence et son geste de reconstruction de l’image un dialogue avec son prédécesseur, Weston, aussi bien qu’avec le regardeur contemporain.

 

MASSAO MASCARO

FONDATION A STICHTING, BRUXELLES, BELGIQUE

Né en 1990 à Lille, France. Vit et travaille à Bruxelles, Belgique.

SUB SOLE

Sub Sole (du latin : sous le soleil) est un travail photographique mené de 2017 à 2020 autour de la mer Méditerranée en suivant l’itinéraire mythologique du voyage d’Ulysse : Ceuta, Naples, Athènes, Palerme, Istanbul, Tunis et Lampedusa. Carrefour de cultures, berceau de mythes fondateurs, la région méditerranéenne est, aujourd’hui plus que jamais, marquée par les migrations, l’exil et le déplacement. Au fil de sept voyages et de nombreuses rencontres de hasard, Mascaro va au-devant de la jeunesse qui habite et traverse cette région. Les récits littéraires qui ont nourri l’artiste sont les compagnons invisibles des photographies. Elles imprègnent de leurs sources anciennes les images contemporaines.

Enjeux politiques, économiques, existentiels, poétiques se croisent sous le soleil ; sous la lumière dure et chaude de la Méditerranée qui imprime son rythme aux vies humaines.

 

ZORA J MURFF

WEBBER GALLERY, LONDRES, GRANDE-BRETAGNE

/ NEW YORK, ÉTATS-UNIS

Né en 1987 à Des Moines, États-Unis.

Vit et travaille à Fayetteville, États-Unis.

EN AUCUN POINT INTERMÉDIAIRE

En aucun point intermédiaire prend pour sujet le quartier noir de North Omaha, dans le Nebraska; associant portraits de ses habitants et paysage urbains, la série évoque un environnement social profondément déterminé par les successives politiques racistes et l’injustice qui y règne de longue date. Mêlant enquête humaine et topographique d’une part, travail d’analyse d’archives de l’autre, Murff met l’accent sur l’enchevêtrement complexe des violences qui ciblent la communauté noire de la ville : celle des crimes les plus odieux, tels le lynchage de Will Brown (1919), l’assassinat de Vivian Strong (1969) ou les récentes violences policières dont les vidéos ont largement circulé sur les réseaux sociaux ; mais aussi celle, systémique, des décisions gouvernementales aux effets sournois non moins dévastateurs, menant à l’exclusion sociale et économique, comme la ghettoïsation programmée du quartier par les politiques d’urbanisme.

Les corps et les lieux qu’ils habitent portent tous deux les stigmates du racisme qui, aujourd’hui encore, participe de façon dominante de la condition noire aux États-Unis.

 

AYKAN SAFOĞLU

THE PILL, ISTANBUL, TURQUIE

Né en 1984 à Istanbul, Turquie.

Vit et travaille à Berlin, Allemagne, et Vienne, Autriche.

SIRIUS RÉTROGRADE

Tout commence avec la chute d’un arbre, une nuit, sous la fenêtre de l’artiste. À partir de cet événement et du souvenir déclencheur de vacances estivales passées avec ses parents sur l’île d’Imbros, l’artiste déroule le récit de sa propre expérience du déracinement. Turc, éduqué au lycée allemand d’Istanbul, celui-ci s’est exilé à Berlin au moment de ses études, suivant les traces de ses tantes et de son oncle. Les études au lycée allemand, censées déboucher sur une vie meilleure, mettent au jour le déchirement entre deux cultures, deux pays. Le récit intime, celui d’une réconciliation familiale et personnelle, s’appuie sur des archives photographiques personnelles, matériau de prédilection de Safoğlu, dont le travail repose sur le maniement d’images existantes, le palimpseste, la mise en relation avec l’oralité. Ici les photographies semblent être passées à la broyeuse. Leur trame reconstituée, elles défilent comme sur un tapis roulant évoquant une route, rythmées par les pas de l’artiste qui en accompagnent le mouvement narratif.

ANDRZEJ STEINBACH

BERLINISCHE GALERIE – BERLIN’S MUSEUM OF MODERN ART, PHOTOGRAPHY AND ARCHITECTURE, BERLIN,

ALLEMAGNE

Né en 1983 à Czarnków, Pologne. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

L’APPAREIL

Troisième volet d’une série de portraits s’attachant aux questions de la représentation et de notre perception du modèle photographique, L’Appareil met en scène la figure d’une – ou d’un – photographe en pleine action. La neutralité sexuelle du modèle l’assimile à l’appareil photographique, dont il est comme une continuité : l’appareil du titre est tout autant l’objet mécanique que le corps qui le fait fonctionner et le met en mouvement. Le regard et le corps sont interconnectés. Reproduisant une situation de casting ou d’observation scientifique, Steinbach fait simuler au modèle diverses stratégies photographiques, gestuelles et attitudes, crée des variations à l’aide d’un jeu réduit d’accessoires, tout en laissant systématiquement hors champ l’action ou l’objet vers lequel l’appareil est dirigé. S’agit-il d’une scène de guerre, d’une manifestation ? Si les clichés renvoient à des usages très codés de la photographie et, en creux, à des genres précis, ils rappellent aussi le processus à l’œuvre dans leur fabrication, généralement effacé par l’image elle-même.

 

MARIE TOMANOVA

PRAGOVKA GALLERY, PRAGUE, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Née en 1984 à Valtice, République tchèque. Vit et travaille à New York, États-Unis.

CE FUT JADIS MON UNIVERS

Ce fut jadis mon univers est le récit autobiographique d’un retour au pays natal après une décennie d’absence. Revenue de New York à Mikulov, village tchèque de Moravie-du-Sud, et à la ferme familiale, Tomanova documente ses retrouvailles avec ses proches. Pourtant l’inquiétante étrangeté domine. La maison regrettée, remémorée, fantasmée – refuge imaginaire dans les difficiles moments de l’exil – est devenue un cadre insolite, disloqué, dans lequel elle ne trouve plus sa place. Les sentiments de désorientation et de perte d’identité, étroitement liés au déracinement, sont éprouvés de façon plus conflictuelle encore lorsqu’ils marquent comme ici le retour tant attendu « chez soi ». La série prolonge l’exploration du genre de l’autoportrait cher à l’artiste. Le timbre dateur de l’appareil photographique renvoie au temps, celui de la prise de vue qui, dans sa précision, s’oppose au temps confus du souvenir. Tel le héros de Brigadoon, l’artiste est enfermée dans un anachronisme, un décalage subtil et puissant entre nostalgie et expérience vécue.

Avec le soutien du Centre Tchèque de Paris.

 

ÉGLISE DES FRÈRES PRÊCHEURS

4 JUILLET – 29 AOÛT 2021

10H00 – 19H30

www.rencontres-arles.com

 

 

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