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Arles 2013: Marion Gronier (BMW)

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BMW et le Musée Nicéphore Niépce se sont associés en 2011 pour créer la Résidence BMW. Celle-ci permet à un jeune artiste photographe, choisi après un appel à candidatures, de réaliser un projet personnel pendant trois mois à Chalon-sur-Saône, à l’automne de chaque année. Sous la direction de François Cheval, conservateur en chef du musée, l’artiste a ainsi les moyens d’approfondir sa démarche et d’explorer de nouveaux champs de réflexion. Outre une bourse de 6 000 € et le financement de son hébergement à Chalon-sur-Saône, il se voit proposer l’édition d’un livre ainsi que l’exposition de son travail aux Rencontres d’Arles, à Paris Photo, puis au musée BMW à Munich. Cette action de mécénat vise ainsi à soutenir à la fois la création artistique et sa diffusion auprès du plus grand nombre. En 2012, le comité de sélection a choisi Marion Gronier parmi 43 dossiers de candidature. Il a été sensible à sa manière de mettre à nu avec émotion les visages et les âmes.

Les Glorieux de Marion Gronier

« Il n’y a rien de plus contradictoire dans ce que l’on voit là que ces visages hachés, ces regards hébétés et leurs yeux inquiets et absents. Nous en ressentons comme une gêne. Tout cela sent le doute et la résignation. Ces photographies viennent à nous, immergées dans leur propre lumière et imposent des figures en voie de dissolution, à l’insu des modèles qui progressent hésitants. Car, contrairement à ce que l’on croit, on n’avance pas dans cette lumière. Nous les observons traverser un territoire incertain, à la lisière de leurs activités quotidiennes, – car du cirque nous n’en parlerons pas.
Ces images ne leur sont pas destinées. Les identités disparaissent et sont absorbées. Et cependant, ces scènes présupposent l’abandon volontaire du modèle et un renoncement à l’évocation, au fait ou à l’anecdote. C’est une chose terrible que la lucidité d’une prise de vue, elle tend à la disparition du modèle avec un aplomb que n’a jamais possédé aucune autre représentation. Ces personnages sont convoqués par la photographie pour témoigner d’une destinée morale. Rien de moins.

La photographie n’a jamais eu recours à un quelconque subterfuge. Des gens sortis de scène ont la curiosité des abîmes et se livrent à la machine à faire le vide. Nos sensations premières portent sur leur faiblesse, quelque chose qui fait penser à une matière autre que la chair, à du non-vivant.
Honte de la photographie, qui pour comprendre l’humain, se doit de le nier comme individualité ! Voilà donc nos personnages dépositaires d’un message, assombris par une rugueuse, mais néanmoins fragile, nostalgie qui infléchit l’entreprise photographique vers une affliction pesante. Quel sourd malheur et quelle torpeur se baignent dans la fatigue et la sueur ! Dans ces moments d’abandon, face à l’appareil, le corps prend une forme incontrôlée. La matière, la chair et la peau, ni vive, ni pâle, avoue son épuisement et son impuissance. La scène organise le suspens et la menace se précise.

Ces gens ont subi une opération de transfert, d’absorption de leur pensée. Pour le moins. Le regard immobile, souvent hagard, manifeste l’instant du passage de la lucidité à l’abandon, de la transformation d’un objet conscient en un objet égaré, parce que médusé. C’est dans ce non-événement que surgit l’acte photographique. Les corps reconnaissent leur pesanteur quand les visages muets se décomposent dans la lumière d’un studio improvisé. »
François Cheval

EXPOSITION
« Les glorieux »
Photographies de Marion Gronier
Du 1er juillet au 1er septembre 2013
L’espace Henri Comte
13200 Arles
France

LIVRE
« Les glorieux »
Photographies de Marion Gronier
Éditions Trocadéro
Collection : Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce
80 pages – 33 reproductions
Format : 200 x 256 mm
Relié couverture cartonnée dos toilé
Bilingue français et anglais
Prix de vente : 25 € TTC
ISBN : 979-10-92102-01-7

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