Une semaine pour voir toute la programmation du festival, c’est court, très court… D’autant plus que la ville regorge de petits lieux d’expositions programmées dans le Off, parfois même dans le Off du Off. Alors, dans le dédale des petites rues arlésiennes, les festivaliers se croisent et s’échangent les bons plans, les bons conseils d’expo. Sans grande surprise, ce sont souvent les mêmes expositions qui provoquent l’enthousiasme; tout le monde semble s’accorder sur les incontournables: Guy Bourdin, Sergio Larrain, Hiroshi Sugimoto, Viviane Sassen ou encore Gordon Parks…
Une fois les avis glanés, ceux qui mènent une course contre le temps sont pragmatiques, et se rendent directement vers les expositions qui leur ont été vivement recommandées, c’est pratique et efficace !
De mon côté, j’ai commencé mon marathon au travers des 50 expositions de l’édition 2013, où le noir et blanc est à l’honneur. Mon plan en poche, je commence les visites… Les visites sont rythmées par l’intérêt des images accrochées, certaines expositions souffrent d’un trop grand nombre d’images, alors on s’essouffle, et le pas s’accélère… Et puis entrecoupé de cela, on tombe sur l’exposition qui vous saisit, celle qui vous rappelle pourquoi vous êtes là et pourquoi vous aimez la photographie.
Tout en haut de mon classement se place incontestablement la rétrospective de Gordon Parks, présentée pour la première fois en France par l’Association du Méjan et située au Magasin Electrique du Parc des Ateliers. Dans « Une Histoire Américaine« , tout y est: la scénographie est au service d’une histoire formidablement construite, avec un choix d’images judicieux et des textes introduisant le propos de chaque chapître. On s’y surprend à tout lire: les textes, les légendes; on regarde les tirages avec attention, on découvre des images inédites et on redécouvre des icônes. La suite des expositions du programme associé organisées par le Méjan est tout aussi passionnante, avec notamment le poignant travail de Robin Hammond sur le Zimbabwe, récemment primé au Prix de la fondation Carmignac, qui nous offre un petit air de Perpignan à Arles, ou encore la monumentale exposition de Daido Moriyama, avec la présentation de planches contact en grand format, sur fond de papier peint reproduisant à l’infini la photo d’un bas résille en noir et blanc. Dans le Parc des Ateliers, on remarquera bien entendu les expositions de Michel Vanden Eeckhoudt, et le regard à la fois drôle et décalé qu’il porte sur les petites choses de la vie, les impressionnants et tout aussi étonnants tirages des clichés de Mars réalisés par la Nasa, l’exposition « Transition, Paysages d’une société » qui croise le regard de 12 photographes internationaux sur l’Afrique du Sud, cent ans après le Land Act, dans une mise en scène particulièrement réussie, ou encore l’espace consacré au travail de Jean-Michel Fauquet qui vous plonge, sous une lumière sombre et orangée, dans un univers étrange et mystérieux. A la fondation Van Gogh, l’une des expositions incontournables de cette édition est celle de Guy Bourdin. Intime et personnelle, l’exposition exhume les archives du célèbre et provocateur photographe de mode. Avec des photographies présentées pour la première fois au public, on découvre, tel un trésor, des images noir et blanc réalisées au début des années 50. Se succèdent alors au mur, de petites photographies au format planche contact, que l’on regarde en s’approchant de très près, pour entrer dans l’image et en contempler chaque détail.
Ericka Weidmann