«Et maintenant a vous, modestes photographies, a faire ce que vous pourrez – bien peu je le sais – pour tout raconter, tout expliquer, tout faire deviner…. Tout, même et surtout, ce qui ne se photographie pas. »
(Journal 1931)
Amateur de génie au talent précoce, Jacques Henri Lartigue fut découvert et célébré par les Etats Unis en 1963, à l’âge de 69 ans. Ce regard américain se focalisa sur les premières années de l’œuvre, celles de la Belle Epoque dont le jeune Lartigue nous a laissé le plus merveilleux témoignage. Ses éblouissants instantanés donnant à voir les élégantes de l’avenue du Bois, les débuts de l’automobile et de l’aviation comme des activités sportives, devinrent le monde clos de la célébrité de Lartigue.
Pourtant l’œuvre est riche de beaucoup plus. Vibrant miroir de toute sa vie d’homme, elle ne requiert pas seulement notre regard émerveillé mais notre attention sensible.
Passée l’adolescence, c’est le cours de sa vie que Lartigue dévoile au fil de ses albums. Leur lecture attentive nous fait partager ses bonheurs, ses tensions comme ses émois.
La présente exposition est centrée sur les années vingt, celles de son mariage avec Madeleine Messager, dite Bibi, sa première épouse et mère de son fils unique Dany.
Les années avec Bibi (1918-1930) forment un tout très construit dans la vie de Jacques Henri Lartigue comme dans son œuvre. Solide et joyeuse, Bibi apporte un ancrage à sa sensibilité inquiète et Lartigue magnifie la force sereine de son épouse par l’usage du format panoramique. C’est également avec elle qu’il réalise ses plus beaux autochromes.
Couple élégant et mondain, Jacques et Bibi participent à l’effervescence des années vingt faite de sorties, soirées, séjours à Deauville, sur la Côte basque, ou la Côte d’Azur. Fasciné par l’ardeur créative du couple Sacha Guitry – Yvonne Printemps, Lartigue s’efforce alors par la peinture d’entrer dans une vie professionnelle et d’obtenir une difficile indépendance familiale. Doutant de lui mais portant beau, faisant de Bibi la plus intelligente des camarades, Lartigue se laisse aller aux séductions fiévreuses de l’époque et demeure dans l’incompréhension et la douleur quand Bibi le quitte en 1930.
Maryse Cordesse, commissaire de l’exposition
EXPOSITION
Jacques Henri Lartigue – Bibi
Du lundi 1er juillet au dimanche 25 août 2013
Église des Trinitaires
13200 Arles
10h – 19h30
8 €