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Anthony Hernandez, Le vagabond de Los Angeles

On associe traditionnellement l’œuvre d’Anthony Hernandez (né en 1947) à la photographie de rue américaine et pourtant la rétrospective au SFMOMA nous montre une œuvre qui transcende les dénominations faciles et les genres. On est entré dans l’exposition en pensant connaître ce qu’on allait voir, on en est sorti avec moins de certitudes – c’est bon signe.

Anthony Hernandez est un autodidacte qui s’est toujours devancé lui-même : c’est en prenant des photos qu’il a appris la photographie, ses techniques, son histoire et ses grands noms. Les premières séries des années 1970-1980 sont d’une certaine fraicheur même si elles rappellent, évidemment, la tradition de la street photography. La série Landscapes for the Homeless de 1988 à 1991 est bien connue et, quand on la compare avec ses photographies précédentes, elle opère un véritable tournant. Anthony Hernandez n’est plus seulement le photographe de Los Angeles, de ses plages et de sa vie citadine, il devient l’explorateur de l’autre ville. Il explique sa démarche en disant qu’il veut « faire face à la ville » (face the city) et il montre Los Angeles comme personne ne l’a montrée jusque là. Sa photographie est liminaire, elle vagabonde dans la marge et explore la ville au-delà de ce qui est beau et de ce qui est laid. Sa seule boussole est son obsession pour les traces de l’homme dans le milieu urbain, sa seule méthode est son intuition de la lumière et des couleurs.

L’exposition traverse l’œuvre d’Anthony Hernandez, de ses premières photographies dans les rues de Los Angeles à ses dernières séries, et montre l’éventail de sa pratique qui a varié du noir et blanc à la couleur, du 35mm au grand format. C’est d’abord cette diversité, aussi bien dans ses sujets que dans ses manières de travailler, qui étonne et impressionne, par la façon dont il est notamment capable de se renouveler lui-même. Malgré la diversité de cette œuvre, vaste comme la ville qu’il photographie, elle est d’une cohérence incontestable. C’est dans cette subtile dialectique que réside la beauté de l’exposition au SFMOMA. Qu’on appelle cela un « style » ou une « manière de voir le monde » importe finalement bien peu, Anthony Hernandez est singulier.

Hugo Fortin

Hugo Fortin est un critique en photographie basé à New York.

 

Rétrospective Anthony Hernandez

Jusqu’au 1er janvier 2017

San Francisco Museum of Modern Art

151 Third Avenue

San Francisco, Californie

Etats-Unis

 

https://www.sfmoma.org/

 

 

 

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