Linda Tuloup : Pyromanie de la nudité par Jean-Paul Gavard-Perret
A la charnière de l’éphémère et de l’intemporalité Linda Tuloup ne cesse de jouer avec le feu.
De ce jeu naît une œuvre au sens plein dans laquelle l’expression de l’aléatoire est un processus physique provoqué.
Linda Tuloup développe depuis des années cette technique de la combustion en un élément dynamique de déconstruction et de reconstruction des photographies ou des reproductions de toile de maîtres ancien en une transposition cavalière d’une trace originelle.
Est mis ainsi en évidence le processus d’ignition et d’érosion prouvant que l’émergence créatrice, comme elle-même et le monde, n’a pas de fin mais que l’art a toujours son avenir devant lui.
De telles empreintes conservent un caractère ambivalent et se chargent de la symbolique de la brûlure. Pour Linda Tuloup cette dernière est d’abord synonyme de force créatrice au même titre que la semence ou le pollen des fleurs tout en faisant allusion à la poussière de la mort et la disparition.
L’aspect noir de la combustion répond parfois à celui nocturne des photos de nuit. Elle évoque l’obscurité des origines, la grande nuit abyssale voire la nuit sexuelle. Mais elle incarne tout autant la terre fertile, le réceptacle qui prépare jusque dans les cendres les germes de la vie.
Jaillit une restauration par les brûlures d’une imprévisible lumière que la créatrice ne soupçonne même pas.
Par le trou qu’opère le feu une libération se produit.
Jean-Paul Gavard-Perret
Linda Tuloup, Brûlure, André Frère Éditions, 2024, 224 pages, 49 €.
Texte Colin Lemoine, Design Ruedi Baur
En prévente à un prix préférentiel sur le site www.andrefrereditions.com
