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Entretien avec Ellen Carey, artiste expérimentale

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Ellen Carey, native de New York, est une artiste installée dans le Connecticut qui crée des œuvres uniques, expérimentales et exceptionnelles depuis des décennies. Elle a commencé sa carrière avec Painted Self-Portraits (1978) et depuis les vingt dernières années, elle travaille sur des photogrammes réalisés dans la chambre noire. Elle enseigne à Hartford Art School, à l’université d’Hartford et est représentée par M+B à Los Angeles, et Jayne H. Baum Gallery et Yossi Milo à New York.

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la couleur ?

Dans mon enfance. J’ai été élevée dans la tradition catholique, alors regarder les vitraux à l’église fait partie de mes premiers souvenirs. Le prénom Ellen, qui veut dire « lumière » ou « porteur de lumière » en Gaélique, en Irlandais et en Celte, a été un cadeau visionnaire de la part de mes parents, influençant ma destinée. Au Kansas City Art Institute (KCAI), j’ai fait la connaissance de Josef Albers et de sa théorie de la couleur au cours de ma première année. Mon projet de fin d’année fut une installation, un mur de couleur. J’ai fait des impressions couleur en lithographie. À l’université Buffalo, ma thèse doctorale en art a consisté en une série en noir et blanc, Self-Portrait, exposée à Hallwalls, qui explorait une palette monochrome pour les ajouts de peinture, la couleur n’est intervenue qu’après.

Il y a des années, vous avez fait des expérimentations avec le noir et blanc, donc Struck by Light a été un grand pas.

Oui et non. Comme je l’ai dit plus tôt, la couleur a toujours fait partie de ma vie et de mon travail, mais je m’y suis davantage attardée avec ma série grand format en Polaroid 20×24, Self-Portrait (1983-1987). J’ai essayé le Polaroid grand format en noir et blanc, mais ce n’était pas aussi excitant visuellement, même si j’ai réalisé mes tout premiers travaux avec le SX-70. La technologie de photographie instantanée de Polaroid et le rendu brillant et doux de ses teintes sont exceptionnels, mais lorsque le programme d’aide aux artistes de Polaroid a pris fin en 1987, je suis retournée dans la chambre noire et j’ai commencé à expérimenter avec les photogrammes. J’ai commencé avec des photogrammes noirs et blancs, mais quand je suis passée à la couleur, j’ai compris que dans un photogramme, la lumière, qui est l’index de la photographie, est radicalement différente. La palette électrifie la composition, qu’il s’agisse de tons pastels ou plus vifs. La couleur est l’univers de l’artiste et la théorie des couleurs en photographie, la planète des photographes. Les caractéristiques propres à notre médium se sont révélées sous un jour nouveau – l’ombre et la lumière – avec des thématiques – l’amour et la perte, la beauté et la joie – pleines de potentiel artistique, en travaillant à la lumière des découvertes de l’Expressionnisme abstrait, de l’art minimal et conceptuel. La devise « Moins c’est plus. » est l’une des lignes directrices de mes expérimentations. En repensant la photographie en termes de processus, on élimine l’image-signe, on réinvente la hiérarchie de l’image qui capture quelque chose qui est « là dehors » pour en faire un objet photographique qui s’exprime « en dedans », c’est viscéral et visuel, référençant le merveilleux élémentaire de la photographie, à l’intérieur de la boîte noire de la chambre de développement des photographies couleurs, elle-même imperméable à la lumière. Je me suis donc engagée vis-à-vis de cette discipline, réalisant une étude centrée sur la couleur dans l’art et la photographie, son histoire et ses pratiquants dans les années 2000, et délaissant le noir et blanc.

Comment avez-vous réagi après avoir fini votre premier photogramme ?

Avec noir et blanc, je savais que je tenais quelque chose, mais la couleur a été la clé, un tournant qui a ouvert les portes de mon imagination. J’ai éprouvé une sorte d’émerveillement, je m’imagine comment ça a dû être, cette expérience incroyable, pour les pionniers de la couleur.

Vous avez travaillé sur la série Struck by Light pendant environ vingt-trois ans, entre 1992 et 2015…

Ouah, ça fait un sacré bout de temps ! Ça va même jusqu’en 2017, j’ai de nouvelles idées, du travail à faire !

Est-ce que vous sentez que le projet est bientôt achevé ?

Il est très clair pour moi, et pour tous ceux qui m’ont vue travailler, que « l’objet répond » avec force et conviction ! J’ai mes propres règles, que j’appelle les 4 C : Concept, Contexte, Contenu et Citation (ou Site), soit ça marche, soit ça ne marche pas. Mon travail est expérimental, le hasard et la chance jouent un rôle déterminant dans mes réalisations. Comme vous l’avez souligné, des décennies d’impression m’ont aidé sur les aspects physiques ; avec le temps, on gagne en expérience, c’est important pour un artiste. Du temps pour réfléchir, lire, faire de l’art, écrire, prendre du recul, regarder de l’art, voyager… La nature est merveilleuse aussi. Je ne vois pas de fin pour ce projet, je viens de mettre à l’épreuve de nouvelles idées. Struck by Light est un concept parapluie en constante expansion. Photography Degree Zero est mon projet Polaroid et Pictus & Writ rassemble mes écrits.

Propos recueillis par Hallie Neely

Hallie Neely est une écrivaine spécialiste de la photographie basée à New York aux États-Unis.

http://www.ellencareyphotography.com/

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