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Alexandre Silberman

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Différences & Répétitions
Esthétique de la disparition et du recouvrement en Seine-Saint-Denis

« Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu’ils sont imaginaires, au contraire : parce que je suis en train de les tracer » – Gilles Deleuze et Felix Gattari, Milles Plateaux.

 Créé en 1968 avec pour but de fragmenter la ceinture rouge francilienne, le département de la Seine-Saint-Denis se constitue dans un double mouvement d’attachement et d’isolement par rapport à Paris. En rupture idéologique avec la capitale concomitante, elle l’est aussi démographiquement, économiquement, culturellement, tout en restant « la périphérie de … ». Par opposition à l’immuable patrimoine parisien, elle affirme son identité par l’hétérogénéité de son territoire, le pluralisme de ses voix, la radicalité de ses mutations.

Alors que se profilent les Jeux Olympique 2024, dont elle est l’un des plus grands bénéficiaires, la Seine-Saint-Denis se trouve embarquée dans des chantiers monumentaux, dont la portée tranche avec la réalité du terrain.

Anciennes vastes plaines agricoles devenues zone industrielle la plus étendue d’Europe, elle souffre maintenant de son urbanisation précoce.

Département le plus cosmopolite, mais aussi le plus pauvre de France métropolitaine, il est de même l’un des plus jeunes. Faisant face à un passé prégnant et une situation actuelle difficile, la Seine-Saint-Denis aborde les années 2020 avec de hautes ambitions pour le futur.

A l’heure où une armée de grues retournent le sol tout autant pour construire un avenir rutilant que pour enfouir un gênant présent, c’est un territoire entier qui fait apparaître ses strates à nos yeux. Agricole et industriel, naturel et urbain, pauvre et opulent, toutes ces nappes asynchrones composent un paysage complexe, à la fois spatial et temporel, traversé d’un rapport de force constant. Celui opposant la morbide répétition de l’identique, de l’ordre établi et à ré-établir, et la vigoureuse répétition de la différence, celle de la vie qui disparaît et jaillit de nouveau.

Ici, cette dernière n’a jamais semblé aussi belle.

Mais elle n’a aussi, malheureusement, jamais semblé aussi fragile.

 

Alexandre Silberman (né en 1983 à Dortmund) est un réalisateur et photographe installé à Paris. Diplômé en Philosophie et en Communication à l’université LYON III, il travaille principalement sur des projets documentaires traitant des relations entre un lieu et ceux qui le parcourent.

C’est ainsi qu’est née la série NEW CITY / NEW GOD, centrée sur la place de la religion à Brasilia, et qui a été présentée à la Red Bull Station de Sao Paulo (Brésil) en 2016.

Sa série sur la scénographie du Beau dans les musées franciliens, THE GREAT BEAUTY, a été l’objet d’une exposition monographique à la Moritzhof Gallery de Magdeburg (Allemagne) en 2018, puis au Festival International de Photographie de Lenzburg (Suisse) en 2019.

En 2020, Alexandre Silberman a été shortlisté pour le BarTur Photo Award, le Palm* Photo Prize, et a fait parti des dix finalistes exposés à New-York dans le cadre des Feature Shoot Street Photography Awards. Cette même année, il a aussi été exposé à PHOTOIS:RAËL et lors de la 15ème Biennale internationale de Photographie NICÉPHORE +.

En 2021, sa série sur la Seine-Saint-Denis, intitulé DIFFÉRENCES & RÉPÉTITIONS, fera parti de la selection du festival LES BOUTOGRAPHIES à Montpellier.

Son travail a été publié dans Urban China Magazine, Journal Of Grievances, C41 Magazine ou encore Aint-Bad.

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