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Irving Penn

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Pierre Apraxine et Matthieu Humery sont les deux commissaires de l’exposition Irving Penn: Resonence. Pierre Apraxine est le curator mythique de la collection Gilman, l’une des plus belles collections au monde de photographie, vendue il y a un peu plus de 10 ans au Metropolitan Museum of Art de New York.

Quand avez-vous commencé à travailler sur l’exposition ?
Matthieu Humery m’a fait part, en septembre dernier, du désir de François Pinault d’exposer sa collection de photographies d’Irving Penn au printemps 2014. Je suis allé voir les œuvres et les salles du Palazzo Grassi en novembre. A partir de cet instant, je n’ai plus employé le « je » mais le « nous » tellement l’entente et la complicité avec Matthieu fut absolus, tant sur le choix des œuvres que sur leur présentation.
Dès lors, notre lieu de travail pendant deux mois va être le tapis de mon appartement, où nous allons concevoir l’installation de l’exposition avec les photos choisies. Très vite, les évidences apparaissent. Lisa Fonssagrives, la femme d’Irving Penn, doit être présente au début et à la fin de l’exposition. De même que la haie des « Petits métiers ». La chambre noire aussi s’impose très vite, c’est là que l’on découvre le travail de Penn réalisé sur ses tirages. La photo de Picasso par exemple, dont le tirage définitif n’a que très peu de rapport avec la photo originelle. Il y a ensuite la pièce des 21 crânes d’animaux réalisés au Musée d’histoire naturelle de Prague, 21 crânes où la beauté des tirages atteignent le sublime. Il y a enfin la salle qu’avec Matthieu on appelle la « National Geographic », en hommage au portrait de Madame et Monsieur Gilbert Grosvenor (son rédacteur en chef de 1899 à 1954), où nous avons rassemblé toutes les ethnies photographiées par Penn : les hippies, les Papous, les bédouins, Hells Angels, les WASP…

D’ou viennent les Penn de la collection Pinault ?
Ils proviennent de trois sources : la collection Nomura d’abord, cette Japonaise fascinée par Penn qui acheta de nombreuses œuvres. Intrigué par ses choix, Penn commença avec elle une correspondance, puis il la conseilla sur ses acquisitions. A la mort de madame Kuniko Nomura, la collection ne peut être dispersée, François Pinault l’acquiert donc.
Il y a ensuite la collection de la directrice de studio d’Irving Penn, où l’on trouve quelques merveilles inédites, qu’il offrait chaque année à sa collaboratrice comme preuve de sa reconnaissance. Il y a enfin les « Petits métiers » achetés directement par François Pinault lui-même, les photos qu’il préfère et qui lui rappelle sans doute sa propre trajectoire.
Je voudrais enfin revenir sur la façon dont on aborde habituellement Irving Penn : la noirceur, le sombre, l’obsession de la mort et les détritus. Tout cela est vrai, mais il faut le rectifier. Chez Penn, c’est surtout une transformation, une mutation, un devenir perpétuel, c’est pour cela que nous avons mis en exergue, Matthieu et moi, cette phrase : « Life is transience and transformation. It’s a lovely masquerade. »

Biographies des deux commissaires de l’exposition

Pierre Apraxine
Né en Estonie, Pierre Apraxine étudie en Belgique et vit aujourd’hui à New York. En tant que commissaire pour la Gilman Paper Company, il assemble une collection de renommée mondiale de photographies anciennes, aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art, ainsi qu’une collection de dessins architecturaux visionnaires conservée au Museum of Modern Art à New York. Il est régulièrement invité comme commissaire par le Département de photographie du Metropolitan Museum et siège au Visiting Committee. Il est aussi membre du Comité d’Architecture et du Design du Museum of Modern Art. Pierre Apraxine a également contribué à certaines expositions à la Bibliothèque nationale de France, au Musée d’Orsay et dans d’autres institutions françaises. En 2005, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par la République française.

Matthieu Humery
Après avoir étudié l’histoire de l’art à Paris et à Berlin, Matthieu Humery a mené de nombreux projets dans le domaine de l’art contemporain et de la photographie en collaborant notamment avec la Fondation Watermill/Robert Wilson Art Collection (Summer Archive Project, deux expositions d’archive en 2005 et 2006), l’agence Magnum (Paris Photo 2007) et la Fondation Luma (How Soon is Now ?, Arles 2011 ; To the Moon via the Beach, Arles 2013). En 2007, il rejoint Christie’s New York, dont il dirige le département Photographie puis il rejoint le bureau de Paris en 2010 en tant que spécialiste international pour la photographie. En parallèle, il cofonde avec Benjamin Millepied le Los Angeles Dance Project, un véritable collectif de créateurs dont l’objectif est de présenter la danse sous toutes ses formes en tissant des liens entre des chorégraphes, des artistes, des musiciens et des auteurs contemporains. Les premiers projets de cette nouvelle plateforme artistique ont vu le jour en 2012 à Los Angeles au Music Center Disney Hall, au Museum of Contemporary Art (MOCA) et, plus récemment au Théâtre du Chatelet à Paris.

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