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16 photographes de Magnum racontent leur chez-soi en images

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En 2016, Fujifilm a collaboré avec l’agence Magnum sur un projet ambitieux : inviter un groupe de photographes à explorer un thème intitulé « Home », avec leur style, leur sensibilité et leur histoire propre, en utilisant un appareil de la série FUJIFILM GFX. L’exposition Home présente actuellement à la Milk Gallery à New York les séries de ces 16 photographes de Magnum autour de ce thème. Ils explorent un sujet à la fois universel et familier, et illustrent des histoires, lieux et personnes qui leur sont chers. L’Œil de la Photographie s’est entretenu avec Pauline Vermare, directrice culturelle de Magnum New York et commissaire de l’exposition.

 

Le thème de cette exposition est « home » (un terme universellement utilisé en anglais et qui pourrait se traduire entre autre par « maison », « foyer » ou « chez soi »  en français). Il guide toutes les séries d’images prises par les 16 photographes de Magnum. Comment a-t-il été choisi ?

Le projet découle d’une conversation informelle entre Kunio Aoyama de Fujifilm et le photographe de Magnum Hiroji Kubota à Tokyo, alors qu’ils cherchaient des façons de collaborer sur un grand projet avec Magnum Photos. Pour eux, aborder un thème aussi universel et polyvalent que « Home » était un très bon moyen d’engager les photographes et leur public. Une fois le thème choisi, ils ont invité les membres de Magnum à y participer.

Alex Webb, Antoine d’Agata, Gueorgui Pinkhassov, Olivia Arthur, Hiroji Kubota, Alessandra Sanguinetti … la sélection des photographes est diverse, tout comme leurs univers respectifs. Cette variété était-elle un souhait ?

Magnum est une agence globale par essence. Elle a été fondée en 1947 à New York et Paris par un Hongrois (Robert Capa), un Français (Henri Cartier-Bresson), un Polonais (Chim) et un Anglais (George Rodger). La volonté de la coopérative a toujours été d’être profondément internationale, et elle n’a jamais cessé se diversifier (en termes de nationalité et aujourd’hui également, de genre). Et c’est aussi ce qui fait la beauté de ce projet : il met en évidence la richesse humaine et l’éventail incroyable de styles et de sensibilités qui coexistent au sein de Magnum.

Vous mentionnez dans votre essai que « Home » désigne habituellement un lieu intime et reposant, un havre de paix, un cocon. Il est surprenant de constater que plus de la moitié des photographes impliqués dans ce projet ont dirigé leur appareil vers « le monde extérieur ». Peut-être parce que l’appareil moyen format est plus adapté à la photographie de paysage qu’aux environnements étroits ?

Oui, et peut-être aussi parce que, comme Thoreau, certains d’entre eux considèrent que la nature qui les entoure est leur « home » – l’environnement dans lequel ils ont grandi, qui a fait d’eux ce qu’ils sont : le Minnesota pour Alec Soth, Cape Cod pour Alex Webb, la Caroline du Nord pour David Alan Harvey, les îles japonaises pour Hiroji Kubota, etc.

Chaque série de ce projet a du sens en elle-même, mais comment conçoit-on leur réunion ?

En embrassant leur diversité – en mettant l’accent sur leurs différences : en mettant en avant le style, la vision, la sensibilité de chaque photographe.  Traduire dans l’espace ce que « Home », et ce retour aux sources, signifiait pour eux.

Il y a une exposition, en ce moment à la galerie Milk à New York, mais aussi un livre. Pourriez-vous nous dire comment vous avez travaillé à son éditing ?

Stuart Smith et son équipe à Londres ont fait un travail magnifique sur le livre, et mon but en tant que commissaire était de traduire le livre dans l’espace, même si certaines photos du livre ne sont pas dans l’exposition et vice versa. J’ai tenu à échanger avec chaque artiste, de manière à rendre leur vision de la manière la plus fidèle et personnelle possible.

Dans l’introduction, vous écrivez que « Pour certains, la difficulté de ce projet était enracinée dans le sentiment d’avoir plus d’un seul « home » ». Pourriez-vous expliquer comment ces photographes ont fait face à ce défi ?

Oui, certains de ces photographes ont plusieurs « home »– et ont exprimé ici les difficultés liées à ce déracinement, ou au fait d’avoir plusieurs ports d’attache. Certains ont rejeté leur foyer d’origine, comme Thomas Dworzak (« Toute ma vie a été conditionnée par le rejet et la recherche d’une « heimat » [maison ou foyer en français ndlr) ; ont fondé plusieurs foyers (comme Alex Majoli l’explique dans le court métrage produit par Fujifilm) ; Moises Saman, lui, a tenu a retourner au Pérou, le pays où il est né mais qu’il connaissait à peine: « Je devrais savoir d’où je viens ».

Dans notre monde global, n’est-ce pas une notion qui ne résonne plus vraiment comme à des époques précédentes ? N’est-ce pas une explication à ce résultat en images ?

Ce projet nous montre que « Home » sera toujours un « point de départ » : l’endroit d’où l’on vient, et qui nous a construit (ou démoli…). Et puis petit à petit « Home » devient un concept plus abstrait, quelque chose qui nous habite. Que l’on rejette ou non d’où l’on vient, on le porte en soi. Ce projet illustre bien le dicton « wherever you go, there you are» : pas moyen d’échapper à cela…

Propos recueillis par Jonas Cuénin

 

Home
2 au 14 mars 2018
Milk Gallery
450 W15th Street
New York, NY 10011
Etats-Unis

www.themilkgallery.com

http://home-magnum.com/fr/

 

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