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Le bois de sang de Lu Guang : photographies de la forêt africaine exploitée

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L’essor de la Chine s’est accompagné d’une demande vorace de matières premières comme le pétrole et les minéraux, qui ont apporté une prospérité généralisée à la masse chinoise, un boom de la consommation et l’expansion immobilière qui s’en suit a entraîné une nouvelle demande de décoration et de mobilier. . Moins connues sont les conséquences insoupçonnées sur l’écosystème mondial telles que le trafic de la corne de rhinocéros et de l’ivoire d’éléphant, encore moins bien connue est la menace critique sur la durabilité de la forêt vierge de l’Afrique centrale.

Aujourd’hui, en raison de la forte demande des riches chinois, le bois de santal est devenu une rareté, par conséquent les marchands chinois sont passés à une alternative, s’approvisionnant en Bois de Sang (Bloodwood en anglais et Mukula chez les Africains) d’Afrique centrale et australe qui peut passer pour le bois de santal aux yeux impressionnables de la plupart des consommateurs.

Des rapports indiquent que 75% de la production de bois de l’Afrique sont exportés vers la Chine, ce qui fait du bois la troisième matière première la plus importée de Chine. De notoriété publique la plupart des forêts africaines sont exploitées illégalement, sachant que le Bassin Congolais représente le deuxième poumon vert de la planète, une déforestation aura de graves conséquences à court et moyen terme. Depuis quelques années Greenpeace a essayé d’attirer l’attention internationale et a fait pression sur le gouvernement chinois sur cette question.

C’est ce contexte qui a motivé le photographe Lu Guang à entreprendre ce voyage dans l’un des pays les plus pauvres, les plus troublés et les plus dangereux du monde. C’est aussi la première mission du photographe hors du territoire chinois.

Cette exposition inédite à Shanghai montre le reportage complet de Lu Guang depuis les conditions sommaires des équipes de bucherons vivant dans la forêt, à leur abattage des arbres de Bois de Sang avec de simples hachettes primitives, jusqu’au chargement à mains nues des troncs d’arbres de 300 kg sur des camions, et au voyage à travers le continent à la rencontre des marchands chinois qui les attendent dans les ports maritimes, pour enfin les expédier dans des containers en Chine. Dans la province de Zhejiang sur le port de Zhangjiagang, Lu Guang a suivi les livraisons vers les marchés en gros du bois rouge appelés les Bloodwood City et a documenté leur transformation dans les ateliers d’ébénistes et autres fabriques de mobiliers en meubles de luxe finement sculptés.

Il est remarquable qu’un photojournaliste chinois tel que Lu Guang puisse témoigner de l’impact de la voracité de la demande générée par développement « fast and furious » de la Chine dans les régions les plus démunies et les plus turbulentes du monde, à savoir la forêt vierge africaine. Ses photographies méritent qu’on s’y arrête et qu’on réfléchisse à notre identité de citoyens de la planète Terre. Et l’association des deux mots « Bois » et « Sang » dans le titre de cette exposition explicite encore plus les rapports ambigus entre l’Homme et la Nature.

 

 

Jean Loh

Jean Loh est rédacteur spécialisé en photographie. Il vit et travaille à Shanghai, en Chine.

 

 

Lu Guang, Blood Wood
14 octobre 2017 au 23 février 2018
Beau Geste Gallery
210 Taikang Rd, DaPuQiao
卢湾区 Shanghai Shi
China 200025

http://www.beaugeste-gallery.com/

 

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